FRONTIÈRES DU NORD ET DE L’EST: ALLEMAGNE , LUXEMBOURG, HOLLANDE

FRANKENDAL (Frankenthal) (D) :

En 1600, Frankenthal est transformée en forteresse. En 1621, elle est assiégée par les Espagnols pendant la guerre de Trente Ans, puis successivement occupée par les troupes des parties adverses. Le commerce et l’industrie sont détruits et la ville n’est reconstruite qu’en 1682. La ville est prise en 1688 par Vauban. Vauban tient le siège devant Monseigneur en 1688 ; c’est le 3ème siège victorieux de l’année pour Vauban (avec ceux de Philisbourg et Mannheim) et Monseigneur fut si content de ses services, qu’il lui donna quatre pièces de canon à son choix, pour mettre à son château de Bazoches, récompense vraiment militaire, privilège unique et qui, plus que tout autre, convenait au père de tant de places fortes. La même année, il fut fait lieutenant-général. En 1689, la ville est brûlée par les troupes françaises dans la Guerre de la Ligue d’Augsbourg (sac du Palatinat). En 1797, la ville passe sous occupation française pendant les guerres de la Révolution française. Elle est intégrée à l’État de Bavière en 1816.

FRIBOURG IM BRISGAU (D) :

Si la ville de Fribourg (Freiburg im Breisgau) a connu un important développement dès le XIIIe et se transforme en une ville frontière entre le Saint empire et la France. Dans la première moitié du XVIe, les possessions des Habsbourg se sentent de plus en plus menacées face à l’expansion du royaume de France. A Fribourg cela se traduit dans un premier temps par la réparation et le renforcement de l’enceinte médiévale après les dégâts subis durant la guerre de trente ans. L’importance de la place étant établie, un état des lieux très détaillé est réalisé en 1667 par Elias Gumpp, prélude à d’indispensables travaux de modernisation de l’enceinte urbaine. Ces travaux progressent cependant très lentement et, en 1674, le mur d’enceinte médiéval est simplement renforcé par un ensemble d’ouvrages avancés, de gros bastions, protégeant les accès à la ville. Le Schlossberg, château dominant la ville à l’est, est considéré comme primordial et fait l’objet d’importants travaux : construction de casemates susceptibles d’accueillir 800 hommes, de citernes et de poudrières. Une communication protégée est d’ailleurs établie entre la ville et le château. L’ensemble des fortifications de Fribourg est complété par quelques redoutes. Mais le front nord reste simplement ceint par l’enceinte médiévale et des quartiers entiers restent sans protection. La situation politique entre le royaume de France et le Saint Empire se dégradant régulièrement depuis 1675. L’attaque débute le 11 novembre 1677 et après cinq jours de bombardement prenant pour cible le front nord, la cité se rend à l’ennemi. Les troupes établies dans le château, secteur dans lequel ont été investis beaucoup de moyens et d’espoir, se voient neutralisés : les troupes françaises avaient réussi à hisser des pièces d’artillerie sur une hauteur dominant le château. La ville restera française durant vingt ans, c’est le directeur des fortifications d’Alsace, Jacques Tarade, qui est chargé des réparations les plus urgentes et d’élaborer les premiers plans destinés à moderniser les fortifications de Fribourg. Dès le mois de décembre 1677, le marquis de Choisy, un ingénieur militaire, le remplace. Il juge les plans de Tarade inadaptés et élabore son propre projet qui intègre, pour la première fois, une enceinte bastionnée continue. Tenant compte des enseignements du siège récent, il ne néglige pas les hauteurs qui dominent la ville et le château et propose également une extension du système de fortification dans ces emplacements. Vauban, commissaire général des fortifications depuis 1678 reçoit le projet du marquis de Choisy lui est soumis. Le 2 juin 1679, Louvois, Vauban et Choisy se rencontrent à Fribourg. Louis XIV ayant ordonné à Vauban d’élaborer un nouveau projet pour Fribourg. Rapidement le projet de Vauban est soumis au roi qui l’approuve dès le début du mois de septembre 1679. S’il considère le projet proposé par Choisy comme comportant des éléments obsolètes, il en conserve cependant une grande partie de l’enceinte bastionnée qui vient d’être construite. En pratique, il en résulte la construction de 8 bastions et de 7 demi-lunes. A nouveau, le Schlossberg est l’objet de toutes les attentions puisque les fortifications comprennent maintenant : le « Vieux château » (Unterem Schloss), le fort de l’Aigle (Salzbüchsle), le fort Saint Pierre et le fort de l’étoile (Oberes Schloss). Si l’essentiel des travaux est réalisé en 1687, il s’avère que dix ans après, certaines sections du chemin couvert et du glacis n’étaient pas terminées. Les contre-mines prévues n’ont pas été réalisées de même que les tenailles. Après la signature du traité de Ryswick en 1697, la place est rendue au Saint -Empire. Les Autrichiens poursuivent à un rythme modéré les travaux entrepris jusqu’alors : en 1705, quelques contre-mines sont creusées et quelques modifications de détail apportées aux fortifications existantes. Les ressources financières faisant défaut, un seul ouvrage avancé est construit sur le front sud en regard du Schwaben Tor. A l’occasion de la guerre de succession d’Espagne, la ville sera investie une nouvelle fois par les troupes françaises. Le siège débute le 22 septembre 1713 et le 14 octobre 1713, la chute d’une lunette après d’intenses combats marque le tournant des opérations de siège puisque la ville tombera aux mains du roi de France le 18 novembre 1713. Le maréchal de Villars, vainqueur, se propose de détruire les fortifications. Le roi de France s’y oppose et Fribourg est rendue à l’Autriche en 1715. L’enceinte, fortement endommagée, doit être réparée et le Graf von Harsch alors en charge des fortifications propose de construire une série de 6 lunettes sur le front sud-ouest qui paraissait le plus menacé. En fait, c’est sur la proposition et sous la direction de M. de la Vénerie qu’une série de « contregardes brisées ,est construite entre 1724 et 726, les fortifications du Salzbüchsle sont renforcées entre 1725 et 1727 et des lunettes construites sur le front ouest en 1727-1730. Lors de la guerre de succession d’Autriche, ce sont cette fois les troupes de Louis XV qui viendront disputer Fribourg à l’Autriche. Les troupes françaises sous le commandement du maréchal de Coigny débutent le siège le 23 septembre 1744 en déviant une rivière, la Dreisam et en creusant une première parallèle sur le front sud, la 3e parallèle est ouverte le 16 octobre et le 2 novembre après deux assauts français, la ville n’a d’autre solution que de se rendre ! C’est aussi la fin des fortifications à Fribourg : les travaux de démantèlement des fortifications débutent déjà durant le cessez-le-feu et se poursuivent activement durant l’hiver. La ville maintenant ouverte, sera rendue aux Autrichiens le 25 avril 1745.

HOMBURG (D) :

Situé dans une vallée barrée en partie par une colline rocheuse, le site d’Homburg est occupé au moins depuis l’époque romaine. Un premier château est construit au XIe siècle et la ville se développe à son pied. Ce château est acquis en 1492 par les comtes de Nassau-Saarbrücken. Ils commanditent les premières adaptations modernes en 1558, quatre bastions d’angle et une demi-lune au sud. Le corps de logis devient un palais Renaissance. Ces chantiers s’achèvent en 1585 mais une seconde demi-lune est ajoutée en 1617, à l’ouest, au-dessus de la ville. Possession lorraine, Homburg change plusieurs fois de souverains entre 1641 et 1679 avant d’être officiellement cédée à la France par le traité de Nimègue.  Vauban visite la ville pour la première fois en février 1680. Il élabore un programme d’amélioration de la place forte avec Thomas de Choisy, l’ingénieur en charge des fortifications de la Sarre. Le château voit ses remparts dédoublés par un chemin-couvert. Les ouvrages bastionnés anciens sont restaurés. Un ouvrage à corne précédé d’une demi-lune, le tout taillé dans le rocher, est placé du côté est du château afin d’en améliorer la protection. Le ravelin du XVIe siècle protégeant l’entrée est du château est conservé et doté d’une caponnière pour battre le fossé. Les deux portes sont pourvues de corps de garde. Le palais sert désormais à loger les fonctionnaires du royaume de France. Pour leur protection en cas de bombardement, Vauban décide d’utiliser les grottes du rocher comme abri. Pour la ville, il édifie une enceinte comportant cinq fronts bastionnés, dont le rocher du château constitue la partie sud-est. Cette enceinte comporte deux bastions d’angle et une demi-lune flanquée de places d’armes rentrantes (à l’ouest), d’un bastion plein et d’une demi-lune (au nord) et d’un bastion retranché avec une tête de pont (à l’est). Ces chantiers sont achevés avant 1688 et le déclenchement de la Guerre de la Ligue d’Augsbourg. Le traité de Ryswick de 1697 conduit les Français à démolir les ouvrages avant leur départ. Ceux-ci reviennent en 1705 pendant la Guerre de Succession d’Espagne. Vauban étant occupé à la défense de Thionville à ce moment-là, c’est un ingénieur inconnu qui reconstruit les ouvrages démolis en 1698 et ajoute un bâtiment supplémentaire dans la partie ouest du château. Ce bâtiment serait un logis du gouverneur. La place, partiellement démantelée, est restituée définitivement à la Lorraine en 1714.  Le XVIIIe siècle ne modifie pas les fortifications d’Homburg de manière visible. Ravagée pendant les guerres de la Révolution française, Homburg perd son château et le palais qui l’occupe démoli partiellement par les Français suite à la prise de la ville en juillet 1793. L’enceinte de la ville disparaît aussi à cette époque. Après 1815, les Prussiens ne rétablissent pas les fortifications. De l’œuvre de Vauban à Homburg, il ne subsiste aujourd’hui que quelques éléments du château dégagés dans les années 1980 : les restes de l’ouvrage à corne, la caponnière du ravelin Nassau, trois bastions et la demi-lune de la porte sud, tous arasés en partie. Les restes de la supposée maison du gouverneur bâtie en 1705 sont toujours visibles. De la demi-lune de l’ouest, il ne reste rien. Un restaurant en marque l’emplacement. Redécouvertes en 1930, les grottes abris sont depuis restaurées et ouvertes au public. De l’enceinte urbaine, il ne reste rien d’apparent.

KEHL (D) :

Située originellement sur une île près de la rive droite du Rhin, à environ 1600 mètres de Strasbourg, l’agglomération de Kehl apparait au XIe siècle. En 1333, un premier pont reliant Kehl à Strasbourg est construit mais il faut attendre 1388 pour qu’une liaison permanente se crée entre les deux sites. En 1392, des maisons sont installées sur le pont. L’agglomération de Kehl n’est alors pas fortifiée mais son histoire militaire débute néanmoins à cette époque car elle sert de tête de pont aux armées du Saint-Empire au cours des guerres successives avec la France. C’est en partie à cause de Kehl que Louis XIII, puis Louis XIV vont tout faire pour conquérir Strasbourg, afin de retourner cette tête de pont contre les Princes allemands et le Saint-Empire. Conquise en 1678 par Vauban, Strasbourg est annexée officiellement en 1681 au Royaume de France. Vauban élabore aussitôt d’importants projets d’améliorations de ses fortifications. C’est dans ce contexte que le fort de Kehl est édifié pour constituer un poste avancé de la défense de la ville côté allemand. Le fort ainsi construit est un carré bastionné, à quatre demi-lunes et une porte au sud. Il est entouré d’un glacis et de fossés inondés. Deux ouvrages à corne et une lunette, séparés du fort par un bras du Rhin, le flanquent à l’est, au nord-est et au nord. Il contrôle, avec la citadelle, le gué et les ponts du Rhin vers l’Allemagne. À l’intérieur, les bâtiments sont organisés autour d’une cour carrée : logis du commandant de place, casernes, chapelle et magasins. En 1697, il est cédé au duché de Bade par le traité de Ryswick. Assiégé en 1703 par la France pendant la Guerre de Succession d’Espagne, le fort de Kehl fait l’objet d’un projet inabouti d’amélioration de Vauban la même année. Le plan relief de 1725-28 le représente toujours, car il est inclus dans le périmètre de la portée des canons de la citadelle de Strasbourg et représente la structure défensive adverse la plus proche. Le XVIIIe siècle ne modifie pas les fortifications désormais badoises malgré les nombreux sièges subis. En 1815, le fort de Kehl est démantelé par application du traité de Paris. Ses vestiges disparaissent définitivement entre 1840 et 1863 pendant les  dans l’Allemagne unie par la Prusse, sont remblayés, changeant totalement la topographie. Ce fait est attesté par le plan relief de 1836, au 1/600e, remis à jour après ces travaux. Plus aucune trace du fort n’y apparaît et les bras fluviaux ont disparu. Il ne subsiste plus rien du fort de Kehl. Pour en reconstituer l’aspect il faut se rapporter au plan relief de Strasbourg de 1725, saisi par les Prussiens en 1815 et rendu à la ville en 1903. Il est visible depuis juillet 2013 au musée historique de Strasbourg.

LANDAU (D) :

À l’issue de la guerre de Trente Ans, la paix de Westphalie (1648) mit la ville libre d’Empire de Landau sous protectorat français. Puis la paix de Rijswijk qui réglait l’issue de la guerre de la Ligue d’Augsbourg (1697) étendit la zone d’influence française pour y inclure dix autres villes d’Empire du Palatinat. Landau, ville la plus orientale, demeurait la place-forte la plus exposée de ce secteur français. C’est la raison pour laquelle Louis XIV ordonna en 1688 à  Vauban de faire de Landau une citadelle moderne selon les principe de son 2nd système. On rasa les anciennes fortifications et 14 000 ouvriers allemands, secondés par les seize bataillons du général de Montclar commencèrent au printemps 1688 les travaux qui devaient se prolonger encore trois années. Pour approvisionner le chantier en matériaux de construction, les Français percèrent d’abord entre les carrières d’Albersweiler et Landau un canal navigable long de 7 km, le canal d’Albersweiler. Dans le cadre de la reconstruction, la ville fut sillonnée de nouvelles rues rectilignes à angles droits, et de grandes places pour le rassemblement des troupes. Le plan au sol de la citadelle affecte la forme d’un octogone allongé, dont sept sommets sont occupés chacun par un bastion et le dernier par un réduit. L’enceinte intérieure était dotée d’une cunette. Un astucieux dispositif de vannes permettait en cas d’urgence d’inonder ces fossés. Au-delà des fossés, l’ouvrage extérieur se déployait avec son chemin couvert. On accédait à la citadelle par deux portes, au sud et au nord. La place était traversée par la Queich qui formait deux quartiers, celui de gauche étant submergé lorsqu’on noyait les fossés. Ainsi ce marécage rendait les deux tiers de la citadelle inaccessibles aux assiégeants. On ne pouvait accéder à l’ouvrage à couronne au-delà de la mare que par un étroit pont de bois.  Le général de Montclar, premier gouverneur de la place, qui mourut en inspectant les fortifications, fut inhumé dans la chapelle (1690). L’ingénieur en chef Tarade fortifia en 1700 la colline au nord-ouest d’un ouvrage à couronne, couvrant la place par ce côté. L’effectif de la garnison de Landau s’élevait pour 1702 à 4 095 fantassins et 240 cavaliers.  Au cours de la guerre de Succession d’Espagne, Landau fut assiégée et effectivement conquise quatre fois entre 1702 et 1713. Ainsi en 1702 la place passa aux Impériaux, puis en 1703 les Français la reprirent à l’issue de la bataille de Spire, mais dès 1704 l’armée impériale réduisait à nouveau le fort ; finalement en 1713 les Français parvinrent à la reprendre définitivement. Plusieurs remparts furent réparés en 1710, comme la raveline, à l’ouest du grand fossé. Après le Traité de Rastatt, la France avait évacué toutes les conquêtes de la rive droite du Rhin, mais conserva la possession de la ville de Landau avec sa forteresse. Les remparts furent étendus entre 1740 et 1742 en conséquence du creusement de souterrains et de portes d’évacuations secrètes. Au cours des Guerres de la Révolution française, en 1793, le siège entrepris par les Prussiens se solda par un échec.  Restée sous contrôle français à l’issue du premier Traité de Paris, l’armistice du 3 novembre 1815 fit de Landau une forteresse fédérale de la toute jeune Confédération germanique. Les forces d’occupation de Landau mobilisèrent d’abord 2 800 Bavarois. En cas de guerre, le Royaume de Bavière exigeait de la principauté de Bade qu’elle y affecte un tiers des 6 000 hommes commis à la force d’occupation. Après la constitution de la division d’infanterie de réserve au sein de l’armée fédérale la répartition des contingents fut revue. Le 3 mars 1831, le haut-commandement de la Confédération décida de porter la garnison de Landau à 4 000 Bavarois secondés par une division de contingents de réserve de 2 300 hommes. Le gouverneur militaire et le commandant de la place de Landau furent désormais nommés à discrétion par le Royaume de Bavière, dans la mesure où en 1816 les Autrichiens avaient confié la garde du fort à la Bavière. Au temps de la Confédération germanique, de nombreux ouvrages extérieurs furent édifiés, pour mettre les vieux remparts hors de portée des tirs d’une artillerie moderne. Ce remarquable fort militaire, sera rasé par l’armée prussienne dès 1871 et il n’en reste plus aujourd’hui que quelques morceaux de fortifications et quelques édifices isolés dans la vieille ville comme « la porte d’Allemagne » (1688) ancienne porte d’accès à la citadelle, alors entourée de hautes fortifications bastionnées

MANNHEIM  (D) :

En 1606, Frédéric IV, électeur palatin commence à construire centre de la ville adjacente avec son quadrillage de rues et les avenues. Il fit édifier près du village de pêcheurs de Mannheim en 1606-07 et la forteresse bastionnée de Friedrichsburg. Réalisée sous la direction du hollandais Bartel Janson  Frédéric IV se montra particulièrement généreux avec sa ville-forteresse de Mannheim. Il accorda aux habitants des privilèges spéciaux comme l’exemption de la corvée. Pour faciliter le repeuplement du comté, il décréta que les immigrants seraient exonérés d’impôts les 20 premières années. En 1608 il prit la tête de l’Union évangélique, à un moment où la tension avec les princes catholiques s’accroissait sensiblement. Mannheim a été surtout rasée pendant la Guerre de trente ans environ vers 1622 par les forces de Johan Tilly. Après en cours de reconstruction, En 1664, la citadelle ruinée a été remplacée par une simple construction de Château par Daniel de la Rousses, se composant de trois pavillons avec bâtiments de connexion. en 1673 l’époque Palatine le  « Baumeisterei-Adjunktus » Johann Peter Wachter construit une caserne dans la forteresse. Arès les destructions de 1689 pendant la Guerre Palatine de succession, reconstruction sous l’électeur Johann Wilhelm à partir de 1698 mais Mannheim perd son rôle de Capitale déplacée à Heidelberg depuis 1720 lorsque Charles III Philippe, électeur Palatin . En 1709, la forteresse Friedrichsburg a fusionné avec la ville de Mannheim. De 1720, fut le château de Mannheim, sous sa forme actuelle de Baroque et a été soulevée par l’électeur Charles III Philippe à la résidence.  Cependant, pendant la guerre de la Ligue d’Augsbourg (ou « guerre de Neuf Ans »), la ville est prise en 1688 par Vauban qui tient le siège devant Monseigneur et à nouveau détruite par les troupes françaises en 1689. Cependant, pendant la guerre de la Ligue d’Augsbourg (ou « guerre de Neuf Ans »), la ville est prise en 1688 par Vauban et gravement endommagé par l’ Armée Français en 1689 pendant la guerre de neuf ans. En 1795, la ville capitule dès l’approche des troupes françaises le 20 septembre sans combattre mais la ville rejoint les alliés en décembre de la même année. Après le traité de Campo-Formio, les troupes Françaises attaquent et prennent le fort le 25 janvier 1798

MONT-ROYAL (création de la ville neuve et de la citadelle) (D)

: Situé sur une colline escarpée dominant la rive droite d’un méandre de la Moselle, le site de Traben-Trarbach est défendu jusqu’au XVIIe siècle par un château médiéval modernisé (voir Trarbach). C’est en 1687 que Louis XIV et Vauban envisagent de le fortifier de manière plus importante afin de verrouiller la route de la Moselle entre Trèves et Coblence. Le site du château ancien n’étant pas apte à accueillir une forteresse de grande taille, Vauban choisit la colline située en face, à la racine du méandre de la Moselle (voir fiche de Besançon), dont le sommet est un vaste plateau, protégé sur trois côtés par la rivière, ce qui en fait le site idéal pour y installer un camp retranché. La décision de sa fondation est prise en mai 1687 et la ville est aussitôt baptisée Mont-Royal par un décret de Louis XIV. Thomas de Choisy, gouverneur de Sarrelouis, effectue la reconnaissance du territoire et propose les premiers plans et projets. Il sera par la suite chargé de l’inspection et de la surveillance des travaux. Le premier projet de Vauban prévoit la réalisation d’une ville de tracé pentagonal irrégulier. Au sud, les défenses forment une couronne à un bastion et deux demi-bastions orillonnés ; une demi-lune protège chaque courtine et un ouvrage à cornes s’avance en capitale du bastion central. Au nord, il n’y a la place que pour un front à deux demi-bastions orillonnés ; un ouvrage à cornes précédé d’une demi-lune et flanqué à l’est d’une bonnette précède ce rempart ; quatre retranchements avancés ont vu partiellement le jour : un étroit ouvrage à cornes à demi-lune et trois lignes redentées successives. Les flancs ouest et est ne sont composés que de murailles à pic sur les pentes rocheuses dominant la Moselle, avec une tour bastionnée en leur milieu. Deux portes, l’une au nord, l’autre au sud, permettent d’y entrer. Les flancs courbes des bastions sont équipés de casemates d’infanterie. Dans le talus du rempart oriental, dix-sept magasins aux vivres sont installés, tandis que trois magasins à poudre sont placés à la gorge de trois des quatre bastions d’angle. La trame des rues est orthogonale, organisée autour d’une place d’armes décentrée qui regroupe les édifices publics : église, palais du gouverneur, mairie et halle. Vauban ne prévoit que la cession d’une centaine de parcelles aux civils, soit pour une population d’environ cinq cents habitants. Le reste est réservé aux militaires dont le nombre est d’environ quatre mille cinq cents hommes, répartis principalement dans des casernes édifiées le long des courtines. Un arsenal complète l’équipement interne. Cet arsenal sert en quelque sorte de modèle, représenté dans le traité d’artillerie de Surirey de Saint Remy, daté de 1697. Un hôpital militaire est construit en contrebas du site au bord de la Moselle Cette première phase du chantier s’achève à la fin de l’année 1688, au moment du déclenchement de la Guerre de la Ligue d’Augsbourg. Vers le sud, Vauban ajoute un camp retranché, le Grand Quartier général du Roy, formé par une enceinte de neuf fronts bastionnés dotés de onze bastions ou demi-bastions à flancs droits. Dans ce camp, il prévoit sept casernes, plusieurs magasins à vivres, des arsenaux, des écuries et un bassin d’eau potable, entre autres. Ce camp peut abriter douze mille hommes et trois mille chevaux. Des civils sont aussi installés dans ce camp retranché, portant la population urbaine totale à mille cinq cent personnes, venues de tous les coins de France. Cette population possède une juridiction distincte de la ville de Mont-Royal. Ce second chantier s’achève vers 1693. Une enceinte à tours bastionnées est installée le long de la Moselle, au pied du camp retranché. Le traité de Ryswick de 1697 contraint Louis XIV à restituer le territoire au comte du Palatinat et au margrave de Bade. Mont-Royal est alors démolie entièrement par les Français de janvier à juin 1698. Thomas de Choisy donne asile à une partie de la population à Sarrelouis. Il ne reste plus grand-chose de visible de Mont-Royal : quelques murailles écroulées, casemates et fondations de remparts et de bâtiments ensevelis dans une sapinière plantée dans les années 1950. Le site a été fouillé sauvagement entre 1929 et 1938. Depuis quelques années, les autorités locales ont entrepris d’ouvrir le site au public. Divers types de visites, guidées ou non, sont possibles, renseignements à l’office de tourisme. Malgré sa disparition prématurée, d’importants fonds cartographiques français et allemands permettent d’étudier Mont-Royal qui n’a pas été réoccupé depuis.

Titre

ORSOY (D)  :

Cette ancienne place forte fut vainement assiégée par le duc de Parme en 1586. Prise par les Espagnols en 1590, elle fut reprise par Maurice de Nassau en 1597 et en 1601. Elle fut ensuite occupée par Spinola en 1606, par Louis XIV en 1672. Au printemps de 1672, Louis XIV déclare la guerre à la Hollande, Vauban dirige les sièges d’Orsoy et de Doesbourg. Après la reddition d’Utrecht, il rédige les projets de fortification pour les vingt-deux places qui viennent d’être occupées. puis prise et démantelée en 1703 par les Impériaux. En 1760, les Français remportèrent aux environs une victoire signalée sur les Hanovriens, commandés par le prince de Brunswick. La ville est aujourd’hui intégrée à la commune de Rheinberg.

SARRELOUIS (création de la ville neuve) (D) ;

En 1679, le traité de Nimègue met fin à la Guerre de Hollande : Le traité proposait la restitution du duché de Lorraine au duc Charles V de Lorraine, moyennant l’annexion de Nancy par la France et la création de quatre routes traversant le duché et permettant aux troupes Françaises de rejoindre facilement l’Alsace. Le souverain Lorrain refusa une proposition si humiliante. L’année suivante, le roi Louis XIV, dont les troupes occupaient par intermittence la région depuis 1634, ordonna le démantèlement de la petite ville lorraine de Vaudrevange, chef-lieu du bailliage d’Allemagne et qu’avec le matériau fourni par les remparts de cette localité, ruinée par les Suédois, soit édifiée la nouvelle ville-forteresse de « Saarlouis ». Choisy repère le site de Saarlouis, en tant que seule zone plate le long de la Sarre, encaissée ailleurs. Choisy conçoit rapidement une ville orthogonale et hexagonale, sur la rive droite. Pour verrouiller le cours de la rivière et protéger la ville d’une colline proche, il prévoit un ouvrage à corne. Il fait le choix d’un système de port-écluse pour provoquer l’inondation des terrains et des fossés alentours. Vauban valide le projet de Choisy et se limite à quelques modifications : le front côté Sarre est étiré et doté d’une braye, un bassin défensif est ajouté dans l’ouvrage à corne et il met en place un système d’inondations défensives. La ville ainsi édifiée est dotée de six bastions à orillons, cinq demi-lunes et cinq tenailles. Un chemin couvert doté de traverses et une contrescarpe maçonnée protègent l’extérieur. L’ouvrage à corne est composé d’un bassin central inondable par une vanne et de deux demi-bastions avec une demi-lune, dotés du même équipement avancé. Le système d’inondations défensives est commandé par un pont-écluse sur la Sarre, entre la porte principale de la ville et l’ouvrage à corne. Le 5 août 1680, le père Célestin de Saint-Dié (1648-1709), capucin, gardien du couvent de Vaudrevange puis du futur couvent de Sarrelouis, pose la première pierre de la cité naissante, laquelle sera construite par des soldats du régiment de Beaumarais et du régiment de la Picardie. Encore aujourd’hui, deux quartiers de Sarrelouis sont ainsi nommés « Beaumarais » et « Picard ». La forteresse devra défendre les nouvelles possessions royales françaises en Lorraine (qui donne un accès sans contournement frontalier aux plus anciennes possessions françaises en Alsace). À l’intérieur, la trame urbaine en damier s’organise autour d’une place d’armes rectangulaire centrale dotée d’une fontaine et bordée par l’hôtel du gouverneur, l’église, la maison du commandant de place et la mairie. Huit casernes sont déployées le long des courtines, sauf sur les deux fronts de l’est, où elles sont disposées le long des rues. C’est dans cette zone que se trouve l’arsenal de la ville. Trois bastions possèdent un magasin à poudre. Un canal relie Saarlouis au village voisin. Les chantiers sont achevés vers 1683 et la ville est habitée par les anciens habitants des villages environnants, provoquant la disparition de ceux-ci. En 1698, Vauban ajoute une ligne de sept lunettes maçonnées, entourées de contrescarpes maçonnées aussi, et reliées par un chemin couvert à traverses et un glacis. Deux ouvrages sont ajoutés pour flanquer les bastions du front de la Sarre par le sud et le nord. Celui du nord est un retranchement et celui du sud est une redoute isolée dans la Sarre. À cette époque, Saarlouis, qui était la capitale de la province de Sarre, reste française. Elle est désormais isolée en territoire germanique par les cessions du traité de Ryswick de 1697. Les chantiers s’achèvent peu après le décès de Vauban en 1707 et peu avant celui du gouverneur Thomas de Choisy, en 1710, par la construction d’un hôpital militaire dans l’intra-muros de l’ouvrage à corne.En 1697, avec le traité de Ryswick, la majeure partie de la Lorraine regagne son indépendance (à condition de rester neutre et de ne pas s’allier au Saint-Empire). Cette concession de Louis XIV lui permet de s’allier à l’Espagne dans la perspective de sa succession sur le trône ; l’Espagne reprend ainsi la souveraineté de l’essentiel des Pays-Bas du Sud, mais Louis XIV obtient de l’Espagne de garder Saarlouis et la région environnante comme une enclave française dans la région, afin d’éviter qu’elle ne retombe sous le pouvoir des princes allemands. Le XVIIIe siècle ne modifie pas les fortifications de Sarrelouis qui reste enclave française jusqu’à la Révolution. De 1790 à 1815, la place de Saarlouis est rebaptisée Sarrelibre. En 1815, le Congrès de Vienne et le second traité de Paris permettent à la Prusse d’en prendre possession. Les Prussiens vont alors rénover la place vieillissante en remplaçant la braye du front de la Sarre par un nouveau front de rempart doté de casemates blindées de blockhaus. La porte de style classique français est remplacée par une autre porte dotée d’un corps de garde blindé. Les bastions perdent leurs orillons. Les lunettes reçoivent des casemates et des postes abrités d’artillerie. L’ensemble de ces modifications est réalisé entre 1824 et 1829. Après cette date, les chantiers portent sur les bâtiments militaires qui sont progressivement remplacés jusqu’en 1869. Les huit casernes sont ainsi reconstruites en casernes à l’épreuve de type prussien et un nouveau palais du gouverneur est édifié près des remparts. Après la Guerre franco-prussienne de 1870-1871 et le recul de la frontière par l’annexion de la Lorraine, l’Empire allemand déclasse progressivement Sarrelouis avant d’ordonner la démolition des fortifications en 1889. De l’œuvre de Vauban, il subsiste encore plusieurs éléments défensifs. Le front de la Sarre est encore perceptible, les berges de la Sarre n’ayant pas été modifiées au niveau de la ville. Le bastion VI et des restes du bastion I, ainsi que la base de la braye et la redoute de la Sarre existent toujours. Une caserne et quelques maisons françaises ont également été conservées, tout comme la trame urbaine. L’église originelle a été restaurée après la Seconde Guerre mondiale. De la période prussienne, il subsiste deux casernes reconverties, un laboratoire et les casemates des deux bastions restants.

TRARBACH (D) :

  Ville médiévale dominée par une colline rocheuse et bordée par la rive droite de la Moselle, Trarbach est protégée par un château fort, dit Grevenburg ( i.e. château des comtes ) édifié après 1357 par le comte Jean III de Sponheim. Ce château est composé d’un donjon rectangulaire doté de quatre tourelles d’angle, d’un corps de logis et d’une enceinte à tours circulaires. Sa meilleure protection est sa position en hauteur sur une crête, laquelle le met hors de portée des premiers canons. A partir de 1437, le site est administré par des fonctionnaires nobles délégués par les deux souverains, le comte du Palatinat et le margrave de Baden. La petite ville de Trarbach est alors entourée par une enceinte quadrangulaire dotée de dix tours. Durant les XVIe et XVIIe siècles, le château de Trarbach est assiégé six fois. C’est déjà très tôt que Vauban s’intéresse au site qui est réuni à la France après l’annexion du comté de Sponheim en 1681. Au cours des travaux de la place forte de Mont Royal sur la colline en face, qui commencent en 1687, Vauban décide de renforcer les défenses du site et y ajoute trois redoutes sur la crête dominant le château et un fort au pied du château, appelé la tour d’Enfer. Ces ouvrages sont reliés du bas en haut par un escalier taillé dans le roc. Vauban installe aussi des casemates, des batteries et une grande caserne dans le château et pour protéger la ville, il ajoute une redoute qui domine la ville du côté de la colline au-delà du ruisseau Kautenbach, en face de la tour d’Enfer et il renforce les retranchements sur la colline de l’église. Cependant, ces interventions sont ponctuelles et sont réalisées dans le but de disposer d’une tête de pont sur la rive droite de la Moselle. Cette tête de pont doit permettre de protéger le flanc sud de la ville neuve fortifiée de Mont-Royal, que Vauban édifie entre 1687 et 1697 sur la colline voisine (voir fiche Mont-Royal). Après la signature du traité de Ryswick en 1697, Trarbach et son château sont restitués, tandis que Mont-Royal disparaît, démolie par les Français. Le château est encore assiégé trois fois pendant la Guerre de Succession d’Espagne et se dégrade fortement. Il faut attendre 1730 pour que le Prince Electeur de Trèves ordonne des réparations sur le site afin de conserver le verrou sur la Moselle. En 1734, le château est assiégé une dernière fois par les Français, commandés par le Maréchal de Belle-Île, durant la Guerre de Succession de Pologne. Après cette prise, le Grevenburg est démoli par les Français et ne sera jamais reconstruit. La façade imposante de la maison du commandant de la place trône sur une crête dominant la ville de Trarbach ; les autres constructions sont en ruines et en partie couverts des débris. Le site est ouvert à la visite. De l’enceinte urbaine ne restent que deux tours et une partie du mur.

VIEUX BRISACH (BREISACH am RHEIN) (D) :

La colline du Münsterberg de Breisach est occupée depuis fort longtemps. Les romains y édifient un castrum en 260 afin de défendre leur frontière sur le Rhin contre les Alamans. Aux XIe et XIIe siècles, la colline fortifiée puis le village qui s’y érigea étaient le fief de l’Evêché de Bâle, jusqu’en 1273. Pierre de Hagenbach y est tué en 1474, déclenchant la guerre de Bourgogne. Au XVIIe siècle, la ville devint le noyau d’un système de fortifications qui compta parmi les plus redoutables d’Europe. Sa situation très exposée lui valut d’être tantôt une tête de pont française, tantôt un avant-poste de l’Empire. Elle est assiégée et prise en 1638 par le duc de Weimar et le vicomte de Turenne. Vauban supervisera divers travaux ce qui sera l’occasion pour lui de souffrir des mauvaises relations avec l’intendant d’Alsace Colbert de Saint Marc qui impose diverses interventions d’entreprises que Vauban désapprouve, notamment M. Saint-André. Vauban averti Louvois. Lors de contrôles des dépenses sur les ouvrages, la Cour relèvera plusieurs irrégularités et il faudra à Vauban l’appui de Louvois et Colbert pour qu’il ne soit pas mis en cause. Rendu à l’Empire par les traités de Ryswick, Louis XIV de France fait construire Neuf-Brisach, face à Brisach, pour prévenir toute invasion d’outre-Rhin. Vieux-Brisach fut de nouveau assiégée et prise en 1703 par Vauban. En 1703, il dirige, sous le duc de Bourgogne, son 48ème siège. La ville fut réduite à capituler au bout de treize jours et demi de tranchée ouverte, et qui ne coûta pas 300 hommes. C’est par ce siège qu’il a fini, et il y fit voir tout ce que pouvait son art, comme s’il eût voulu le résigner alors tout entier entre les mains du prince qu’il avait pour spectateur et pour chef. En 1704, les Impériaux tentèrent de reprendre la ville, par la ruse, sans succès. En septembre 1793, Vieux-Brisach subit un important bombardement par les troupes révolutionnaires françaises durant cinq jours. 

 LUXEMBOURG (L) :

LUXEMBOURG ENCEINTE URBAINE : La ville s’est développée au Xe siècle à partir d’un château construit en 963 sur le rocher du Bock par le comte ardennais Sigefroy de Luxembourg (Siegfried) . Le château s’élevait sur les vestiges d’un castellum romain appelé Lucilinburhuc « petit bourg » (du vieux haut-allemand luzzil « petit » et burg « bourg, ville »). Dès 1050, l’agrandissement de la bourgade s’avère indispensable et une deuxième enceinte, parallèle à la première, est érigée à hauteur de l’actuelle rue du Fossé. En 1244, la comtesse Ermesinde accorde à la ville sa charte d’affranchissement. De nouveaux travaux de fortification de la ville haute débutent en 1320, sous le règne de Jean l’Aveugle, pour être achevés en 1398. La fortification de la ville basse (« Grund ») est réalisée entre 1387 et 1395. En 1354, le Luxembourg devient Duché. Dans le cadre de la politique des Réunions du roi Louis XIV, Luxembourg est revendiquée par la Couronne de France. Les armées françaises mettent le siège devant la ville en décembre 1683. À partir du 28 avril, Vauban dirige les assauts sous les ordres du maréchal de Créquy et la ville tombe le 4 juin 1684.  En raison de la bravoure avec laquelle la garnison espagnole avait défendu la place, un départ honorable lui fut accordé lors de la capitulation. Louis XIV fit son entrée à Luxembourg trois ans plus tard où il séjourna pendant cinq jours. Le Luxembourg resta province française jusqu’en 1697, date de la signature de la paix de Ryswick qui rendit le Luxembourg à l’Espagne. Après la prise de la ville-forteresse, Vauban fut responsable des travaux de reconstruction des fortifications et en fit le futur “Gibraltar du Nord” figurant au rang d’une des plus importantes forteresses d’Europe à l’époque. Les Tours Vauban sont des tours massives bien préservées qui portent le nom des constructions médiévales qu’elles vinrent remplacer : la Porte d’Eich et la Porte des Bons Malades. Vauban reconnut, lors du siège des Français, que le Pfaffenthal (qui n’était guère fortifié) et les hauteurs adjacentes constituaient les points faibles de la forteresse. C’est la raison pour laquelle il fit intégrer ces parties dans l’enceinte fortifiée de la ville en 1685. Il renforça les hauteurs par deux forts et verrouilla la vallée au moyen d’un mur de protection qui reliait le Fort Berlaimont du côté ville aux nouveaux forts des hauteurs du Grünewald de l’autre côté. Entre les deux Tours Vauban, un mur de protection enjambe l’Alzette sous forme de passerelle dite “De Béinchen” . Nous nous engageons sur son chemin de ronde, autrefois muni de parapets et de meurtrières (partiellement reconstruits voici quelques années), et nous atteignons la rive opposée de l’Alzette dont l’accès pouvait être fermé par des claires-voies incorporées aux trois arches du pont. Un panneau nous apprend que les gardes en service sur ces ouvrages avaient non seulement pour fonction de contrôler les entrées et sorties de la forteresse, ils surveillaient également les alentours pour découvrir des déserteurs ou des espions. Un éclusier devait régler la hauteur des grilles en fonction des crues de la rivière. Vauban assura également la défense de la vallée en y érigeant ces deux tours défensives. De plus, des fossés profonds (mis à jour en 1997/98), des ponts basculants lourds et des meurtrières tenaient l’ennemi à l’écart. Si toutefois l’ennemi réussissait à s’approcher d’une tour, il y avait toujours la possibilité de l’arroser de poix ou d’huile brûlante versée par les ouvertures (mâchicoulis) de la galerie en encorbellement. Par les portes de l’étage supérieur, on accédait au chemin de ronde des murs de protection. L Les reconstructions et les adjonctions de forts, comme le fort de Niedergrünewald, érigé en 1684/85 par Vauban. Il se présentait sous la forme d’une couronne de trois bastions. Entre chaque bastion, Vauban fit construite des ravelins afin de protéger les courtines. La position en éventail de ces constructions, donnait au fort l’avantage de présenter plusieurs fronts. Jadis on y accédait par un chemin cannelé qui partait du Pfaffenthal et aboutissait à la gorge du fort. L’entrée était flanquée d’un réduit intérieur fortifié. Ce réduit isolé était percé de plusieurs meurtrières à fusils, garni de mâchicoulis et couvert par un épaulement. Il a été mis au jour lors des travaux de construction du Circuit Vauban, et a été partiellement reconstruit. La gorge de la “Hiel”, encaissé entre les deux buttes du Grünewald. En 1684/85, Vauban y fit construire cette porte, intitulée « Porte du Grünewald  » ou  » Porte de la Hiel « . Elle était reliée à gauche au fort du Bas-Grünewald et à droite au fort du Haut-Grünewald par un mur percé d’embrasures à fusil et par un fossé. La voie romaine vielle de 1700 ans montait à cet endroit sur le plateau du Kirchberg et reliait encore Luxembourg à Trèves à l’époque de Vauban. En 1732, la chaussée fut démolie en avant du rempart car elle aurait fourni une couverture idéale pour un grand nombre de pièces d’artillerie ennemie. Dès lors, une autre liaison avec la ville de Trèves fut empruntée. La porte fut transformée par les ingénieurs prussiens en 1836 et se présente encore sous cette forme aujourd’hui. Les murs de protection adjacents furent démolis en 1875. Il y a également le Fort Obergrünewald , construit par Vauban en 1684/1685 et 1688. Le rempart est constitué d’une masse de terrre damée contenue par des murs. Il pouvait résister efficacement à la puissance croissante de l’artillerie. En effet, l’inertie de la masse de terre permettait d’absorber une grande partie de l’énergie d’un boulet de canon tiré à bout portant.Ces fortifications avaient été démantelées à la fin de XIXe siècle pour disparaître sous une vaste esplanade aménagée par le paysagiste Édouard André. Les vestiges de ce fort furent mis à jour et partiellement reconstruits pour le circuit Vauban. Il y a aussi des redoutes et de casernes que Vauban entreprit d’édifier entre 1685 et 1688 à l’aide de 3 000 ouvriers, ont conféré à la ville le cachet particulier qu’elle a gardé jusqu’à nos jours. Rendu au roi d’Espagne par le Traité de Ryswick (1697) le duché passe sous administration autrichienne (Habsbourg d’Autriche) après la guerre de Succession d’Espagne (1714), puis est occupé et annexé par la France révolutionnaire en 1794/1815. La forteresse de Luxembourg, épuisée et affamée, ne se rend qu’après un long siège. En 1815, le Congrès de Vienne restaure le Luxembourg sous la forme d’un grand-duché intégré comme État membre à la Confédération germanique, ceci afin de pouvoir accorder à la Prusse, déjà installée en Rhénanie, le droit de garnison dans la forteresse de Luxembourg. Simultanément, le grand-duché de Luxembourg est donné à titre personnel et héréditaire en primogéniture masculine au roi Guillaume Ier des Pays-Bas, ce qui donne naissance à une union personnelle entre le royaume des Pays-Bas et le grand-duché de Luxembourg : deux États unis par la personne d’un même souverain. En 1867, un an après la fin de la Confédération germanique et à la suite d’une crise apparue entre la France de Napoléon III et la Prusse menée par le chancelier prussien Otto von Bismarck, la neutralité du Luxembourg est proclamée par les puissances européennes réunies en conférence à Londres. Du 16e au 19e siècle, les fortifications de la ville de Luxembourg s’étalaient sur près de 180 hectares. Si seulement 10% sont encore visibles aujourd’hui, ce fleuron de l’architecture militaire est désormais préservé et valorisé. C’est l’un des plus importants sites fortifiés d’Europe, désormais au rang de patrimoine mondial de l’UNESCO. Il s’agit d’un extraordinaire réseau de 17 km de galeries souterraines et plus de 40.000 m2 d’abris à la bombe, logés dans les rochers de la ville. Pendant les deux guerres mondiales, elles servaient d’abri pour protéger jusqu’à 35.000 personnes en cas d’alerte ou de bombardement.

LUXEMBOURG PLATEAU DU SAINT ESPRIT CITADELLE : Après la prise de la forteresse le 4 juin 1684, Vauban présenta déjà le 29 août son projet d’ensemble pour la reconstruction qui prévoyait la construction de casernes au plateau du Saint-Esprit qui, séparé de la ville par deux bastions et un ravelin, devenait la citadelle de la forteresse. Avec l’aménagement d’un grand magasin à poudre. De 1684 à 1685 on y construisit deux casernes capables de loger 1.540 hommes. Le 17 janvier 1687, la garnison reprit également le couvent du Saint-Esprit. Après une cohabitation forcée de trois années, les Clarisses-Urbanistes partirent, le 18 mars 1690 après les vêpres, en emportant même les ossements des sœurs défuntes vers leur nouvelle demeure au Pfaffenthal qu’elles avaient fait construire en partie avec l’indemnité versée par les Français seuls maîtres des lieux, les militaires avaient logé 560 hommes dans le couvent désaffecté en utilisant l’église comme magasin. Vauban étudie le débit de l’eau du puits du couvent et juge qu’il fournit une eau d’une qualité satisfaisante Après 1714, les Autrichiens qui avaient pris la relève dans la forteresse se mirent à creuser dans les rochers du plateau un réseau de casemates pour assurer la protection de l’écluse du Grund aménagée en 1731 entre la citadelle du Saint-Esprit et le plateau du Rham. En 1770 on prit la décision de démolir les bâtiments de l’ancien couvent qui menaçaient ruine. Le puits du couvent est agrandi et sa maçonnerie refaite jusqu’à une profondeur de 42 m. Les travaux de démolition des restes du couvent traînaient certainement car en 1795 les Français parlaient encore de restes du couvent en faisant l’inspection des lieux après leur retour. Ils avaient l’intention de relier le plateau du Saint-Esprit au plateau du Rham par une passerelle en forme d’aqueduc qui devait avoir la forme du pont du château. Napoléon pu en voir les plans quand il était de passage à Luxembourg. Cette passerelle aurait relié directement la route de Trèves au plateau du Saint-Esprit et à la ville haute et aurait offert de nouvelles possibilités pour le développement de la ville vers l’Est. Mais après avoir examiné de plus près les soubassements de l’ouvrage de l’écluse du Grund, on ajourna la construction de cette passerelle. Quand les Prussiens s’étaient installés après 1815 dans les casernes du Saint-Esprit au nom de la Confédération germanique, ils avaient songé d’abord aux besoins de la vie quotidienne. En 1828 ils avaient fait construire un bâtiment pour les cuisines et un manège couvert qui avaient occupé à peu près la place de l’ancien couvent. En 1841 ils ajoutaient à l’ancien puits du couvent une station de pompage mécanique protégée contre la bombe. Il pouvait fournir en cinq à six heures l’eau nécessaire pour abreuver 90 hommes et 40 chevaux quand le mécanisme était actionné par les pieds de trois hommes. Si on faisait travailler dix hommes — qu’on sortait des arrêts à cette occasion — le débit pouvait être porté à 400 litres par minute. Le 5 octobre 1859 et on aménagea une nouvelle porte d’entrée dans la forteresse qui reçut le nom du Prince Henri des Pays-Bas. Dans une ville-forteresse, les civils surtout devaient faire des concessions. Pendant ces travaux, on avait démoli la poudrière du Saint-Esprit construite par Vauban mais le Génie prussien ajouta deux bâtiments dans l’espace qui restait disponible. De 1857 à 1860 on fit construire un hôpital militaire pour temps de guerre et, de 1862 à 1863, un magasin de grains à l’abri de la bombe. Un laboratoire de guerre fut ajouté du côté des écuries. Les bâtiments étaient construits d’après les dernières techniques de l’époque par les meilleurs architectes militaires de la Prusse. Après la 1ère Guerre Mondiale, la nouvelle armée luxembourgeoise était trop importante pour être logée au plateau du Saint-Esprit qui accueillit toutefois la compagnie de la Garde grand ducale, l’état-major et une partie des services logistiques.

DOESBOURG (NL) :

En raison de son emplacement stratégique à la jointure du Vieil Yssel et de l’IJssel, Doesburg est devenue dès le XIIIè  une place forte d’importance. Durant la Guerre de Quatre-Vingts ans, Doesburg a été beaucoup malmenée, comme en l’an 1572, lorsque la ville a été occupée par les Gueux sous le commandement de Bernard de Merode et Willem IV van den Bergh . A parir de 1586, Doesburg a conservé une garnison permanente stationnée dans la caserne Maurits (aujourd’hui Mauritsveld). Le 31 juillet 1606, le commandant espagnol Ambrogio Spinola entra dans la ville afin de tromper le général en chef, Maurice de Nassau, devenu plus tard Prince d’Orange, alors qu’il voulait attaquer Deventer, en remontant l’Yssel. Maurice fut trompé par la ruse et ne comprit pas que le mouvement vers Doesburg était un leurre ; les troupes espagnoles foncèrent vers Almelo par la région de la Zwarte Water, mais furent défaits à la bataille du Pont de Berkumer . Sous la direction de Maurice les fortifications de la ville ont été beaucoup améliorées et développées dans les années 1606-1629. Au printemps de 1672, Louis XIV déclare la guerre à la Hollande, Vauban dirige les sièges de Doesbourg. Le 22 juin les députés des Etats Généraux de Hollande viennent demander la paix au ministre Louvois à Doesbourg. L’audience tourne à l’échec, Louis XIV imposant des conditions inacceptables. Après la reddition d’Utrecht, il rédige les projets de fortification pour les vingt-deux places qui viennent d’être occupées. La place est surtout utile pour abriter une garnison, la ville étant située sur la ligne d’eau permettant l’inondation des terres et rendant impossible les mouvements des troupes. Ce dispositif sera largement utilisé par Guillaume d’Orange dans sa lutte contre Louis XIV. Les Français occupèrent la ville jusqu’à 1674. Après cet épisode, la cité a reçu de nombreuses fortifications au XVIIe siècle conçu par Menno van Coehoorn, mais elle s’est transformée en une ville forteresse provinciale tranquille et elle le restera jusqu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Cela a eu certains avantages : le centre historique, avec ses nombreux monuments, est resté bien conservé. La ville a donc été désignée comme une zone de patrimoine protégé en 1974. Après cet épisode, la cité a reçu de nombreuses fortifications au XVIIe siècle conçu par Menno van Coehoorn, mais elle s’est transformée en une ville forteresse provinciale tranquille et elle le restera jusqu’au démantèlement de ses fortifications en 1923 pour permettre le développement urbain.

MAASTRICHT (NL)  : 

Vers l’an 10 avant notre ère, les Romains construisirent une importante voie militaire (qui deviendra la Via Belgica) qui traversait la Meuse à Maastricht. Un pont fut construit sous le règne d’Auguste. Celui-ci se trouvait à l’emplacement actuel du centre-ville, près de Stokstraat. Ce pont était un point de passage important dans la route menant à Bavay et à la capitale des Ubiens, Cologne. Vers 270 apr. J.-C., la Maastricht romaine dut subir l’avancée des tribus germaniques. Pour protéger le pont, un castrum fut construit sur la rive gauche en 330. En 1204, Maastricht tombe sous l’autorité du prince-évêque de Liège et du duc de Brabant. Maastricht devient alors un condominium, une ville sous double autorité. En 1229, la ville, bien qu’elle n’ait pas eu les droits de cité en tant que tel, est autorisée, par le duc Henri Ier de Brabant, à construire des remparts. En 1281, un nouveau pont est construit au nord de la vieille ville pour remplacer celui qui s’était effondré auparavant. Vers 1375, une seconde muraille est construite. En 1673, c’est le siège de Maëstricht où Vauban, pour la première fois, emploie sa méthode d’approche. Cette méthode, avec ses trois parallèles, est employée pour la première fois au siège de Maëstricht (1673). Lors de ce siège, il utilise, sous les yeux de Louis XIV, des tranchées parallèles permettant aux troupes d’approcher la place en limitant les risques. Non seulement, Vauban remporte la victoire sur l’une des principales places fortes hollandaises, mais avec un minimum de pertes (1.800 à 3.000 tués ou blessés sur les 13.000 soldats que compte l’armée des assiégeants) et en un minimum de temps (treize jours de tranchées ouvertes). Louis XIV arrive à Maastricht le 10 juin alors que la ville est complètement cernée. Son secrétaire d’État de la Guerre, Louvois, a pu réunir assez de provisions pour six semaines de siège. Louis XIV donne personnellement à Vauban la conduite du siège de la ville. Les lignes de tranchées sont terminées le 14 juin, avec très peu de pertes, conformément à la tactique de Vauban. Les tranchées d’attaques sont ouvertes dans la nuit du 17 au 18 juin. L’attaque se fit vers la porte de Tongres, à l’ouest. Dès le 18 juin, 26 canons tirent 5 000 boulets sur la ville pendant plus de trente heures. Les assauts se succèdent, la fortification changeant de main à plusieurs reprises. D’Artagnan y trouve la mort, tué d’une balle de mousquet reçue dans les reins alors qu’il se trouvait dans la gorge de la fortification de la porte Tongres. Apprenant que Guillaume III réunissait ses troupes pour secourir Maastricht, Louis XIV décide de redoubler d’efforts. Les mines et l’artillerie ouvrent une brèche dans la muraille principale. Jacques de Fariaux fait finalement battre la chamade le 30 juin, et la reddition de la ville est signée le lendemain. Le Roi, à cette occasion, lui donna 4.000 louis. C’est cette libéralité qui permit à Vauban d’acheter, en 1675, le château de Bazoches, où il réunit sa famille et qui devint son foyer. Après la prise de la ville, Vauban forma des projets d’amélioration des fortifications de Maastricht. En 1678, la France rétrocède Maastricht aux hollandais. Ce n’est qu’en 1701 que la proposition du commandant de la ville forte fut autorisée par le Conseil d’État de La Haye. Ainsi le général de brigade Daniel Wolff van Dopff put construire un fort sur et dans la paroi nord-ouest de la montagne St. Pierre. De 1747 à 1748, la ville passa une nouvelle fois brièvement sous domination française après la bataille de Lauffeld.En 1748 le côté nord de la ville forte de Maastricht fut attaqué et assiégé par le roi français Louis XV. Le fort St. Pierre ne joua cependant pas un rôle important. En automne de l’année 1794, après une première tentative en 1793, la fortification fut assiégée, pour la seconde fois, par l’armée française révolutionnaire, sous le commandement en chef de Kléber. Notamment les canons mis en batterie par les français sur le Louwberg causèrent de grands dégâts au fort. Lors de l’occupation française (1794-1814) plusieurs plans de campagne d’amélioration de la force de défense du fort furent élaborés mais jamais exécutés. Après le retour au pouvoir de Napoléon en 1815 la fortification de Maastricht fut mise en état d’alerte. Le fort fut remblayé de terre et dans les années 1816 – 1822 la puissance de la défense fut améliorée. Sur le plateau du fort deux nouvelles pièces d’artillerie furent établies, trois casemates à mortiers incorporées dans le saillant et tout au-dessus douze casemates à canons et une chambre poudrière. En 1867 le roi Willem III promulgua par décret du gouvernement que la ville fortifiée ne ferait plus partie du réseau de défense des Pays-Bas. Le Bastion de Maastricht fut définitivement levé. En 1870 le fort St. Pierre fut vendu aux enchères