FRONTIERES DU NORD ET DE L’EST -MOSELLE -NORD
BITCHE (57) :
Construite à l’emplacement d’un château médiéval ruiné à plusieurs reprises au cours de la guerre de Trente Ans, Mentionnée au XVIe siècle comme une palissade, l’enceinte de la ville de Bitche est construite en 1563 par le comte de Deux-Ponts-Bitche. Durant l’hiver 1673-1674, Turenne prend ses quartiers d’hiver dans le Palatinat et vient visiter Bitche. Impressionné par l’importance stratégique du site, il finit par convaincre Louis XIV de fortifier ce point et en 1679, le roi charge Vauban qui engage son collaborateur Thomas de Choisy. Les travaux ont lieu de 1683 à 1697 et coûtent à la France 2 500 000 livres d’or, une somme énorme pour l’époque. En octobre 1679, Thomas de Choisy réalise un premier projet de citadelle, approuvé par Vauban en date du 4 novembre. Le chantier commence après l’annexion officielle de Bitche par la France en 1680. Le gros œuvre de l’enceinte urbaine est réalisé de 1681 à 1687. Pour la citadelle, quatre bastions sont érigés le long du plateau central du rocher. Vauban fait découper le rocher en trois parties bien distinctes, séparées par deux gorges profondes. Grâce à une série de bastions, à un réseau de souterrains, à un chemin couvert, à des bâtiments militaires très modernes et à un armement puissant, la forteresse est considérée comme imprenable. Au sud-ouest, on édifie une demi-lune, dite Petite Tête. Au nord-est, c’est un ouvrage à corne, dit Grosse Tête, qui est construit. Au pied du rocher, deux tenailles et un chemin couvert assurent la défense avancée, tandis que l’intérieur du rocher est percé de souterrains servant à l’abri de la garnison et au stockage des éléments indispensables à celle-ci. Parallèlement, une opération immobilière est menée pour augmenter le nombre d’habitants et faire de Bitche une véritable ville. La petite place fortifiée de Bitche occupera alors dans le complexe système des fortifications du nord-est du royaume de France une place essentielle. Cette première citadelle n’aura qu’une existence très courte puisqu’elle est détruite par les Français en 1697, à la rétrocession de Bitche au Saint-Empire, démolition achevée en 1698, en application du traité de Rijswick. qui cède la ville de Bitche à Léopold Ier, duc de Lorraine. Les nouvelles fortifications doivent être rasées et un régiment originaire des Flandres se charge de cette besogne de l’automne 1697 à l’été 1698. En 1701 éclate la guerre de Succession d’Espagne et, une nouvelle fois, une garnison française vient occuper Bitche. Les soldats s’efforcent aussitôt de reconstruire les fortifications construites par Vauban et rasées peu de temps avant. Le site reste dépourvu de fortification jusqu’en 1737, année de la reconquête française de Bitche par les armées de Louis XV. Aussitôt, la reconstruction de la citadelle est confiée à Louis de Cormontaigne (1695-1752), l’héritier de la pensée de Vauban. Le chantier de la nouvelle citadelle, surveillé par le comte de Bombelle, est achevé pour l’essentiel en 1754. Elle se présente sous la forme d’une forteresse allongée constituée de deux fronts bastionnés reliés par des murailles. Une enceinte de trois kilomètres entoure la ville, incluant un fort voisin, le fort Saint-Sébastien. Ce dispositif est complété aux abords de la ville par un vaste camp militaire, prévu pour 3500 soldats et construit par les Allemands à partir de 1900. De 1929 à 1938, sous la Troisième République, le Simserhof est édifié à quatre kilomètres au nord de la ville. C’est l’un des plus vastes ouvrages de la Ligne Maginot, prévu pour près de 1 000 soldats.
MARSAL (57) :
Ville d’origine romaine, Marsal reçoit ses premiers remparts au XIIIe siècle, en tant que place forte pour le contrôle des salines de la région. Après avoir été propriété des évêques de Metz, la ville passe sous le contrôle du Duché de Lorraine. C’est à cette époque qu’elle reçoit ses premiers ouvrages modernes réalisés par Jean-Baptiste Stabili et l’entrepreneur lorrain du nom de Marchal. Une enceinte à sept bastions entoure alors le bourg. L’hôtel du Gouverneur, l’hospice et la place d’armes sont édifiés de 1625 à 1650. Disputée par le royaume de France et le Duché de Lorraine, elle est cédée par le duc de Lorraine à Louis XIV en 1662. Le monarque cherche à renforcer la liaison avec Metz et l’Alsace. Vauban élabore un premier projet pour Marsal en 1663, reprenant le tracé des anciennes fortifications. La porte de France est entièrement rénovée entre 1670 et 1676. Quatre casernes prévues pour loger 1400 soldats sont mises en chantier en 1669 mais ne sont finies qu’en 1705, après avoir subi une réduction de leur capacité de logement, motivée par l’installation du four à pain, de la boucherie militaire et des magasins à vivre. Ce complexe est complété par 12 écuries pouvant accueillir 288 chevaux. Faute de puits aux vues de la présence de nappes d’eaux saumâtres, une canalisation est percée pour alimenter la ville en eau potable. Des citernes sont construites pour le stockage. Un complexe d’inondations défensives alimentées par la rivière de la Seille est mis en place. Un réseau de batardeaux permet d’éviter l’envasement des terrains, déjà marécageux, lorsque l’inondation n’est pas tendue. Marsal perd ses fortifications en 1689 au début de la Guerre de la Ligue d’Augsbourg, en même temps que Stenay et Toul. Vauban est chargé de reconstruire les remparts durant cette même guerre, à partir de 1695. Une caserne supplémentaire est édifiée près d’une poterne réalisée par Vauban. À la mort du duc Stanislas en 1766, la Lorraine devient française et Marsal perdit son intérêt stratégique de place frontalière. Mais la chute de Napoléon et la perte de la Sarre changent la position de Marsal. Les fortifications sont restaurées en 1816. La Maison du Gouverneur est reconstruite et un arsenal et deux forts détachés sont édifiés : le fort d’Orléans et le fort d’Haraucourt. La place forte a été partiellement démantelée après la Guerre franco-prussienne. Les fossés et les inondations défensives ont disparu mais les terres pleins des remparts subsistent, de même que la porte de France qui accueille le Musée départemental du sel. Dans la place, trois des quatre casernes de la porte de France subsistent, de même que la caserne de la poterne. L’arsenal de 1848 existe toujours. Les casernes subsistantes ont été transformées en logements locatifs ou bâtiments agricoles. Le plan-relief de 1839 réalisé au 1/600e, mis à jour en 1860, est conservé au Musée des Plans-Reliefs à Paris.
METZ (57) :
Agglomération d’origine celte, Metz devient une des plus importantes villes gallo-romaines. Ruinée par les Huns en 451, elle devient la capitale du royaume franc d’Austrasie. Alors que Metz est devenue ville impériale au Moyen Âge et berceau des Carolingiens, elle s’entoure de deux enceintes aux XIIIe et XVe siècles. Après son rattachement à la France en 1552, Metz se couvre de casernes et accueille une garnison nombreuse. La citadelle, ouvrage quadrangulaire à quatre bastions est construite de 1554 à 1569. Elle comprend alors un hôtel du Gouverneur et un magasin aux vivres. En 1673, Vauban est chargé par Colbert d’améliorer le système défensif de la ville. Il élabore un projet un an plus tard, reconnaissant le grand intérêt stratégique de la place forte et délègue l’ingénieur Niquet pour l’exécuter. Les chantiers démarrent en 1676 mais le programme de constructions militaires n’est pas achevé sous Louis XIV. Les chantiers consistent en une modernisation des remparts urbains et de la citadelle. Tous les bastions de la citadelle sont dotés de flancs bas voûtés. La contre-garde est reconstruite. Les remparts de la Chambière et de la citadelle sont précédés de sept demi-lunes et d’ouvrages à corne. Un rempart supplémentaire est construit sur la hauteur de Bellecroix et permet ainsi la création d’un espace de rassemblement pour 15 000 hommes. Des défenses hydrauliques doivent être ajoutées par le creusement de deux bassins artificiels, de batardeaux et d’écluses, telle celle des Arènes. Les ouvrages de l’enceinte seront achevés par Cormontaigne, lors du règne de Louis XV. Les fronts orientaux et septentrionaux remplacent les remparts médiévaux. L’empreinte défensive gagne du terrain avec le déploiement des premiers ouvrages détachés. Le fort de Bellecroix et la double couronne sont édifiés dans la première moitié du XVIIIe siècle. La caserne de la Chambrière est bâtie de 1732 à 1747 et la redoute bastionnée de la Seille est achevée en 1737. Cormontaigne travaille sur les fortifications de Metz entre 1728 et 1749 et il y applique sa propre méthode de fortification, tout en poursuivant les projets de Vauban et de Niquet. À la même époque, l’évêque de Metz, Henri de Cambout de Coislin fait édifier une caserne à quatre corps sur le lieu-dit du Champ de Seille, réalisée au frais de la ville. Pendant la Révolution, la citadelle est détruite, à l’exception du magasin aux vivres. Au XIXe siècle, Metz fait l’objet d’un vaste projet de modernisation de ses fortifications. Une nouvelle ceinture fortifiée s’ébauche en 1867-1868 avec la réalisation de grands ouvrages détachés. Au début de la guerre franco-prussienne de 1870, la ceinture n’est pas achevée. Toutefois, celle-ci reste marquée par les défaites françaises et le siège de Metz. L’annexion de Metz et de la Moselle par l’Empire allemand renforce les déploiements militaires dans et surtout autour de Metz. La ville est alors transformée en un vaste camp retranché, faisant de Metz le rempart de l’Empire. La ceinture de forts débutée sous le Second empire est achevée et en 1899, la construction d’une seconde ligne de fortifications débute, permettant de relier les places de Metz et Thionville et protégeant ainsi la vallée de la Moselle. Entre 1877 et 1905, 17 grands quartiers de casernes d’infanterie, de cavalerie, d’artillerie et de génie se construisent. Les remparts urbains et la citadelle de Metz ont été démolis aux XIXe et XXe siècles pour faire place à des boulevards urbains et une gare. Il n’en subsiste que le fort de Bellecroix à l’est, ainsi que les casernes qui en sont proches, des fragments de remparts subsistent au nord, la caserne Chambière, l’arsenal, l’hôpital militaire, et la place d’armes avec ses bâtiments. De la citadelle, le magasin aux vivres existe encore. Occupé par l’armée jusqu’en 1970, il a été transformé en hôtel de luxe et restaurant gastronomique. Le plan relief construit entre 1821 et 1825, mis à jour en 1879 et 1919 est conservé au Musée des Plans-Reliefs de Paris.
PHALSBOURG (57) :
Ville neuve, Phalsbourg est fondée entre 1568 et 1570 par le comte palatin du Rhin Georges-Jean de Veldenz. Cette place forte s’organise autour d’un plan orthogonal avec une place d’armes centrale dotée d’un puits. En 1584, la ville est vendue au duc de Lorraine Charles III puis durement sinistrée pendant la guerre de Trente ans. Le traité de Vincennes signé en 1661 rend Phalsbourg à la France. En 1679, Vauban visite Phalsbourg en compagnie de Louvois, ministre de la Guerre de Louis XIV. Louis XIV, sur les conseils de Vauban décide de faire bâtir à Phalsbourg » une bonne place de guerre qui ne sera point d’une trop grande étendue pour occuper tous les terrains nécessaires à pouvoir contenir une assez grosse garnison et tout ce qui sera besoin à son entretien » Et Vauban de poursuivre, dans son mémoire du 25 juillet 1679 : » D’ailleurs l’air y est très bon, les paysages merveilleux, la chasse et la facilité de se chauffe r telle qu’il n’y a peut-être pas un endroit dans le Royaume où elle soit si grande. À l ‘égard de son importance elle forme l’une des principales entrées de la Lorraine aux Allemands, nous assure la communication en Alsace par le passage le plus fréquenté et le plus commode de tous, et tient tous les pays qui sont derrière soi en sûreté . » Vauban reprend à son compte le projet de George Jean qui voulait faire de Phalsbourg » ein Schlüssel zwischen Frankreich und dem Elsaß » et voici que le destin de la nouvelle forteresse est de défendre la France, ce dont elle s’acquittera de glorieuse façon au XIXe siècle. Il élabore aussitôt un projet mis en œuvre dès 1680 avec la construction d’une enceinte totalement neuve, de forme hexagonale. Elle comporte six bastions à orillons, six demi-lunes, des fossés secs, un chemin couvert à traverses et des places d’armes. Deux casernes sont construites au nord et au sud le long des remparts à proximité des portes de France et d’Allemagne. D’autres bâtiments militaires sont installés dans les bastions ouest et est. La trame des rues subit de légers ajustements pour mieux correspondre au tracé de l’enceinte. L’enceinte a été démolie par les Allemands après 1870. Il n’en subsiste que les deux fronts orientaux, les bastions du Dauphin et du château (le premier inclut un magasin à poudre et le second le château ancien), les deux portes, le corps de garde central transformé en mairie, une caserne appelée caserne Lobau et le château d’Einhartzhausen, ancien siège du fondateur. Les remparts ont été transformés en parc urbain. Les portes de France et d’Allemagne ont été classées au titre des Monuments historiques en 1927. Phalsbourg est l’une des villes neuves conçues par Vauban à partir d’une agglomération préexistante.
THIONVILLE (57) :
Située dans un coude de la Moselle, Thionville apparaît pour la première fois dans une chronique relatant le passage de Pépin le Bref. À partir du Xe siècle, Thionville entre dans l’Empire Germanique puis devient un fief des comtes de Luxembourg au début du XIe siècle. Ces derniers décident d’y ériger un château doté d’un puissant donjon, la tour aux Puces. La ville est également mise en défense par l’édification d’une enceinte fortifiée constituée de hauts parements en pierre et maçonnerie. Le duc de Bourgogne Philippe le Bon conquiert la ville en 1443. Les fortifications sont restaurées. Le ruisseau du Fench est utilisé pour inonder les douves, tandis que les défenses de la rive gauche de la Moselle s’appuient sur la rivière. Bourguignonne à partir de 1461, dans le cadre des 17 provinces des Pays-Bas, la ville appartient à la maison des Habsbourg en 1477, avant d’être intégrée à l’empire de Charles Quint. Les premières adaptations à l’artillerie à boulets métalliques sont ordonnées par Charles Quint. Des boulevards d’artillerie sont édifiés sur les remparts qui perdent leurs créneaux et sont talutés, des plateformes plus larges sont ajoutées sur les tours. Ces nouvelles défenses n’empêchent pas une première conquête française par les armées d’Henri II en 1558. Philippe II d’Espagne ordonne en 1559 la transformation des défenses de Thionville, après que la ville lui ait été rendue grâce au traité de Cateau-Cambrésis. L’Espagne envisage alors le premier projet de fortification moderne confié à l’ingénieur Jacques Van Noyen. Menés de 1593 à 1607, les travaux donnent naissance à un hexagone irrégulier dont les points forts sont le bastion de Metz, cinq demi-lunes et un ouvrage à cornes. Assiégée en 1643 par le duc d’Enghien, la ville est conquise par la France. La conquête est entérinée par le traité des Pyrénées en 1659. Vauban intervient à Thionville entre 1673 et 1693. Il réorganise les défenses de la ville sur la rive gauche et complète l’ensemble par la mise en place d’un système de lunettes, glacis, tenailles et contre-gardes. Vauban est le premier ingénieur à étendre les fortifications de Thionville sur la rive droite de la Moselle. Pour cela, il fait construire le premier pont de pierres et ajoute un ouvrage à corne flanqué de deux lunettes de l’autre côté. Le capitaine suisse Rodolphe Salzgueber, membre des gardes étrangères, supervise les chantiers sur place. En 1677, Vauban préconise d’élargir l’ouvrage pour faire de Thionville un camp retranché majeur, mais ce projet ne sera jamais réalisé. En 1695, il perfectionne les défenses par l’ajout d’un second glacis et de six lunettes avancées. Au XVIIIe siècle, l’aspect de la place forte est fortement modifié. En 1727, les ingénieurs Tardif et Duportal réalisent partiellement le projet de camp retranché en remplaçant l’ouvrage à corne de la rive droite, réalisé par Vauban. La Double couronne de la Moselle est édifiée. Cet ouvrage à corne comporte deux bastions à flancs droits, deux demi-bastions, trois demi-lunes et un chemin couvert à places d’armes rentrantes. L’enceinte urbaine est également remaniée avec l’ajout successif de contregardes, de glacis et d’une ceinture de lunettes. En 1745, Louis de Cormontaigne augmente les défenses de Thionville. Entre 1746 et 1752, la ville est dotée d’une double couronne de forts appuyée par la construction du couronné de Yutz. Il possède trois bastions à flancs droits, deux demi-lunes, deux tenailles, des fossés secs et un chemin couvert. Afin de protéger Thionville des inondations, il fait percer un canal de dérivation de 1745 à 1753. Afin de protéger ce canal et assurer la continuité entre les remparts, des ponts-écluses sont édifiés entre 1746 et 1756. Après la mort de Cormontaigne en 1752, l’ingénieur Pierre Filley améliore les œuvres de celui-ci en ajoutant des cavaliers et des fentes de tirs dans les bastions espagnols dont les flancs sont redressés. Il achève les ponts-écluses qui n’avaient pas reçus leurs grilles en 1752 et perfectionne le système hydraulique. Il préconise d’ajouter des magasins en ville. Plusieurs ouvrages des défenses de la ville côté rive gauche sont maçonnés à cette époque. Ces modifications débutent en 1777 mais ne sont pas achevées en 1789 car les grilles des ponts-écluses n’ont jamais été fondues. Entre 1893 et 1900, les Allemands construisent une ceinture de sept forts périphériques en béton autour de Thionville. Modernisés jusqu’en 1914, ils ne servent pas durant la Première Guerre mondiale. À partir de 1926, deux d’entre eux sont intégrés à la Ligne Maginot. Les fortifications urbaines de Thionville ont été démantelées par les Allemands à partir de 1901. La tour médiévale aux Puces en est l’un des rares vestiges. Elle accueille aujourd’hui le musée du Pays Thionvillois. Côté rive droite, le couronné de Yutz et la porte sont conservés. Les ponts-écluses de Cormontaigne existent toujours ainsi que les forts allemands du XIXe siècle et les ouvrages de la Ligne Maginot. Lieux de mémoire, ils sont accessibles au public.
AVESNES SUR HELPE (59) :
Ville médiévale, elle est née de la réunion de deux noyaux urbains réunis en une agglomération au XIIe siècle. Au XIIIe siècle, une enceinte plus large correspondant aux trois quartiers de la vieille ville (centre-ville, plateau Chémerault et ville basse) est édifiée avec des tours rondes. En 1477, la ville est détruite par Louis XI. Au début du XVIe siècle, les ducs de Croÿ dotent la ville de ses premières fortifications bastionnées. Il s’agit de six bastions à orillons et galerie de contremines, dont le bastion de la Reine. Ceux-ci sont dessinés par l’ingénieur italien Jacopo da Modena, ingénieur de Charles Quint. Durant les années 1540 et 1550, le dispositif défensif est modifié et renforcé par des cavaliers sur les bastions et les courtines. Sa situation escarpée rend difficile sa défense par l’inondation. Les ingénieurs de Madrid et Bruxelles rectifient les tracés des bastions et construisent des demi-lunes et des redoutes pour protéger les portes. Une redoute est ajoutée sur le lieu-dit Pont Rouge. La porte de France est reconstruite. Les Bastions, sauf le Bastion de la Reine, sont élargis et des ouvrages extérieurs sont établis vers 1630 sous la Direction du Chevalier de Ville. De cette époque date la porte de Mons (1628) et le Cavalier du Bastion de France. Conquise définitivement par la France en 1659 par le Traité des Pyrénées, une série de travaux visant à moderniser l’enceinte est ordonnée en 1661. À partir de 1673, Vauban engage de nombreux travaux. S’il ne touche pas à l’enceinte urbaine, il redéfinit les ouvrages extérieurs, renforce la garnison de casernes et de poudrières, perce de nouvelles portes et renforce le système d’inondation du front nord. Il édifie sur l’Helpe, le Pont-des-Dames, un pont-écluse à quatre vannes permettant de réguler le cours de la rivière, de tendre des inondations défensives et de réguler le volume d’eau des fossés. Détruite partiellement durant un siège en 1815, la ville est reconstruite sous la Restauration et voit ses fortifications modernisées à partir de 1821, suite à la perte de Philippeville et Mariembourg cédées au royaume des Pays-Bas. Un demi-bastion casematé sur deux niveaux est établi près de la Porte de France qui est restaurée, le bastion Saint-Jean est remis à neuf, ses casemates anciennes sont obstruées et les magasins à poudre et de stockage sont reconstruits. Au cours des années 1830, les défenses sont restaurées et un nouveau bastion est ajouté sur la courtine du front sud-est. Plus petit que les autres, le bastion Saint-Louis est doté de casemates. La ville est déclassée en 1873. Il subsiste aujourd’hui les deux tiers des remparts dont le bastion de la Reine, le bastion Saint-Jean, le bastion de France (occupé par la sous-préfecture d’Avesne), la porte de Mons et le Pont-des-Dames. Le donjon et une partie de l’enceinte, construits à l’époque médiévale, ont été mis au jour depuis 1975.
BERGUES (59) :
Ville médiévale, composée de deux noyaux urbains initiaux (l’abbaye de Saint-Winocq et la ville neuve du comte de Flandre Baudouin IV sur la colline du Groenberg), elle se développe grâce à sa situation portuaire à partir du IXe siècle. Elle reçoit ses premières fortifications, sous la forme d’une enceinte et d’un château fort (de type motte castrale). Ces murailles seront réaménagées et agrandies plusieurs fois, en 1383 notamment, année qui voit l’union définitive des deux noyaux urbains en un seul. Ce réaménagement est consécutif au siège de 1382 par le roi de France Charles VI. Le XVe siècle réédifie cette enceinte et l’adapte à l’artillerie avec l’ajout de boulevards et de couleuvrines. Au XVIe siècle, les Espagnols construisent des bastions et deux demi-lunes devant les portes du front ouest, à partir de 1558 sous le règne de Philippe II d’Espagne. Dès cette époque, la force de la place réside dans ses inondations défensives alimentées par le canal de Bergues venu de la mer et la Colme, rivière d’eau douce. Les tours des Coulevriniers, des Sept-baraques et de Neckerstor commandent ce dispositif hydraulique. A partir de 1635, d’autres chantiers de renforcement des défenses sont entrepris. Deux forts carrés, le fort Lapin au nord et le fort Suisse au sud, sont édifiés peu après cette date. Des bastions détachés sont édifiés devant les fronts orientaux de la ville, point faible de la défense, n’ayant pas de défenses hydrauliques. Prise une première fois en 1646, la ville n’est définitivement conquise par la France qu’en 1668, au Traité d’Aix-la-Chapelle. La même année, Vauban est chargé d’en moderniser les défenses. Son premier projet, appliqué à partir de 1670, consiste en un renforcement du front oriental de la ville, les seuls dépourvus d’inondation défensive. Il y construit une tête de couronne (une variante de l’ouvrage à couronne) composée d’un bastion et de deux demi-bastions, créant ainsi deux fronts chacun précédé par une tenaille et une demi-lune. Cet ensemble est appelé Couronne Saint-Winocq, car situé près de l’abbaye du même nom. Ces premiers chantiers s’achèvent en 1677, année de son intégration à la seconde ligne du Pré Carré. Après cette date, on travaille aux réduits, demi-lunes et lunettes de la couronne. Vauban a en effet ajouté une redoute et modernisé la redoute des Dunes antérieure pour prendre à revers l’ouvrage en question. En 1699, il réalise une dernière tranche de travaux sur cette partie des remparts : des souterrains de communication et de combat y sont ajoutés, ainsi que dans les demi-lunes et fossés. En 1706, après la bataille de Ramillies, M. le maréchal de Vauban fut envoyé pour commander à Dunkerque et sur la côte de Flandre. Il rassura par sa présence les esprits étonnés ; il empêcha la perte d’un pays qu’on voulait noyer pour prévenir le siège de Dunkerque, et le prévint d’ailleurs par un camp retranché qu’il fit entre cette ville et Bergues, de sorte que les ennemis eussent été obligés de faire en même temps l’investiture de Dunkerque, de Bergues et de ce camp, ce qui était absolument impraticable. Les défenses hydrauliques voient la modernisation de leurs écluses pour plus d’efficacité. Un projet d’ouvrage couronné similaire pour protéger la porte de Dunkerque, au nord de la place forte, ne sera réalisé qu’en 1744. Ailleurs, les interventions de Vauban se sont limitées à améliorer les tracés des ouvrages et au remplacement des portes de Cassel et d’Hondscoote. Dans la ville, il construit des casernes et des magasins à poudre. Le XVIIIe siècle modifie peu l’apparence de la place : une citerne en élévation est ajoutée en 1724. Au XIXe siècle, plusieurs chantiers sont menés. Le premier se déroule sous la Monarchie de Juillet : l’ouvrage à corne de la porte sud est remplacé par un couronné dit de Biesme entourant la gare et le nouveau canal. Ce chantier se déroule entre 1840 et 1850. Le couronné de Saint-Winocq est modernisé après 1870 pour adaptation à l’artillerie rayée. Durant l’Occupation de 1940-44, les remparts sont utilisés par les Allemands pour l’entraînement au tir.
BOUCHAIN (59) :
Ville carolingienne située au confluent de l’Escaut et de la Sensée, Bouchain possède des remparts depuis le XIIe siècle. Elle est structurée en deux entités séparées par des bras d’eau : une ville basse défendue par un fossé et une ville haute fortifiée et dotée, par Baudouin IV de Hainaut, d’un donjon, la Tour d’Ostrevant. Assiégée par Louis XI, brûlée par François Ier, Bouchain est reprise par Charles Quint en 1526. Les 1ères ébauches des fortifications apparaissent au XIIè siècle, sous Baudouin IV qui fit ajouter une Tour au château existant. Il aménage quelques fossés et murailles crénelées, et agrandit la ville qui devient capitale du Comté d’Ostrevant. Charles Quint développe les fortifications en 1532/35 et fait ceindre la Ville Haute de murailles de courtines avec 4 bastions à oreillon (il subsiste le Bastion des Forges), d’un fossé large et profond améliorant le système médiéval de défense par inondation. En 1676, la ville est prise par la France et intégrée à la deuxième ligne du Pré Carré. Vauban améliore les dehors et les inondations, remanie le donjon médiéval construit en 1164 et construit une caserne et un magasin à poudre (1687). D’une capacité de 150 tonnes, Vauban publie un deuxième projet en 1691, le bastion des Forges avec une partie de la courtine du XVIe siècle et des galeries souterraines dont le bien-fondé est démontré en 1711 lorsque la ville est assiégée et prise par le duc de Marlborough, durant la guerre de Succession d’Espagne En 1713, alors que la ville est à nouveau française, le front de terre de la ville haute est équipé d’une galerie de contrescarpe à feux de revers et de contremines. Elles furent fréquemment réparées et modifiées par le Génie, l’armée d’occupation danoise (1816-1818) jusqu’au déclassement des ouvrages de défense en 1889, puis par décret du Président de la République en mai 1893. Le démantelement exécuté entre 1892 et 1896 vit disparaitre la grande majorité des fortifications, mais quelques vestiges subsistent. La ville a été gravement endommagée pendant les deux guerres mondiales.. Les anciens fossés et redoutes de défense par inondation sont encore visibles dans la ville basse. Le plan-relief de 1715 réalisé au 1/600e par l’ingénieur Ladevèze, réparé en 1769 et 1920, est conservé au Musée des Beaux Arts de Lille
BOURBOURG (59) :
Les Normands ruinent la cité vers 880. À la suite de quoi le comte de Flandres Baudouin II (Baudouin le Chauve) entoure la ville reconstruite de remparts et de fossés vers 900. Baudouin III de Flandre poursuit cette action en 958. À cette époque, Bourbourg est le chef-lieu d’un doyenné de chrétienté chapeautant plusieurs églises et chapelles même si l’ensemble dépendait de l’abbaye de Saint Bertin de Saint-Omer. Bourbourg , ville fortifiée par les comtes de Flandre connait plusieurs moments difficiles au cours des siècles : ville assiégée et/ou pillée dans le cadre de la guerre de Cent Ans (croisade d’Henri le Despenser, 1436) ou lors de l’affrontement entre la France et les successeurs des Comtes de Flandre (duc de Bourgogne, puis Autriche, puis Espagne). Les adversaires se disputent la suprématie sur la région qui, au fil des guerres, passe des mains des uns à celles des autres. Bourbourg subit ainsi plusieurs envahissements, destructions : 1479 pillage par les Français qui incendient la ville, puis retour à l’Espagne, 1636, année où la peste se déclare à Bourbourg, dont les fortifications sont renforcées par l’Espagne en 1639, 1645 reprise par les Français, reprise par les Espagnols en 1651; 1657 Turenne prend la ville pour la France et la rase plus ou moins (le bois des charpentes des ruines fut utilisé pour le siège de Gravelines qui suit celui de Bourbourg), nouveau pillage en 1675. La paix n’est durablement retrouvée qu’en 1678, avec le traité de Nimègue, Bourbourg devient définitivement française (elle l’était déjà depuis 1659 par le traité des Pyrénées mais eut à subir les agressions espagnoles jusqu’en 1678). En 1669, la France décide, dans le cadre de la volonté de favoriser le développement de Dunkerque au détriment de Bergues, cité prédominante jusque là, de creuser le canal de Bourbourg, destiné à relier l’Aa à Dunkerque de façon plus directe que le canal de la Colme qui oblige à passer par Bergues, Vauban en sera l’ingénieur. Pendant toute cette période, plusieurs Comtes de Flandre, Ducs de Bourgogne, Empereur ou Roi d’Espagne se rendent à Bourbourg : ainsi en juillet 1549, Charles Quint effectue une tournée en Flandre afin d’y faire reconnaitre son fils Philippe II comme Comte de Flandre, il vient à Bourbourg après être passé à Bergues, Dunkerque, Gravelines. À la fin du XVIIIe siècle, Bourbourg cesse d’être ville de guerre et se développe alors grâce au commerce puis à l’industrie. La ville profite de son canal « en tout temps navigable », de communications faciles, y compris par voie d’eau avec Dunkerque, Bergues, Saint-Omer, Calais et Ardres et de chemins soigneusement pavés ou empierrés.
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CAMBRAI (59) :
Des faubourgs s’étaient développés, à l’époque de la prospérité mérovingienne, au nord et à l’ouest du castrum primitif, autour des églises Saint-Vaast et Saint-Aubert. Le pillage de la ville par les Vikings en projet Vauban en 1702 (4 novembre), non réalisé. fit construire tripla la superficie de la ville. Au sud-est, sur un monticule appelé Mont-des-Bœufs, l’évêque Géry avait fondé en 595 une abbaye, d’abord dédiée à saint Médard et à saint Loup, puis, après la mort du fondateur, à Géry lui-même. Cette abbaye était certainement elle aussi protégée par une enceinte. L’espace qui séparait ces deux noyaux urbains accueillait les marchés et les foires.. L’évêque Gérard II remplaça plus tard le rempart de terre par une enceinte de pierre munie de tours, de portes et de fossés et englobant la totalité des espaces bâtis. Dès lors Cambrai avait atteint le périmètre qu’elle devait conserver jusqu’au XIXe siècle : tandis que d’autres villes de la région telles que Bruges, Gand ou Douai agrandissaient leurs enceintes jusqu’au XIVe siècle, celle de Cambrai était remaniée et renforcée, mais sans que le tracé en soit modifié. Le tracé de ce rempart du XIe siècle est encore visible dans celui des boulevards actuels. C’est probablement sous les épiscopats des évêques Gérard Ier, Liébert et Gérard II, au XIe siècle, que fut construit le château de Selles, forteresse située au bord de l’Escaut au nord-ouest de la ville. Au XIIIe siècle l’évêque Nicolas III de Fontaines y ordonna des travaux pour le mettre « sur un bon pied de défense ». Ce château, propriété des évêques-comtes, était destiné autant à surveiller la ville qu’à en assurer la défense. Sa fonction militaire prit fin au XVIe siècle lorsque Charles Quint, s’étant emparé de la ville, ordonna en 1543 la construction sur le Mont-des-Bœufs, au nord-est de la ville, d’une citadelle pour laquelle on rasa 800 maisons et l’abbaye de Saint-Géry. Dès lors le château de Selles fut utilisé comme prison. En 1630, Richelieu, souhaitant contrer la puissance de l’Empereur et de l’Espagne, renouvelle l’alliance de la France avec les Provinces-Unies. L’effort principal de la France doit se porter sur les Pays-Bas espagnols, et un plan de partage est établi avec les Hollandais, la France devant recevoir Le Hainaut, le Cambrésis, l’Artois, une grande partie des Flandres ainsi que le Luxembourg et le comté de Namur. La guerre est déclarée à l’Espagne en 1635 : il s’ensuit une longue série de guerres qui, aggravée par des crises de subsistance et des épidémies, va meurtrir le Cambrésis. Mazarin essaie vainement, en 1649, de s’emparer de la ville en la faisant assiéger par Henri de Lorraine-Harcourt et par Turenne. Un régiment espagnol venu de Bouchain réussit à pénétrer dans la ville, dont le siège est levé. En 1657 le vicomte de Turenne s’empare de Cambrai. À nouveau 4 000 cavaliers sous le commandement de Condé, passé au service de l’Espagne, réussissent à y pénétrer, et Turenne abandonne la ville. En 1666, dans le plus grand secret, Louis XIV prépare de nouvelles conquêtes en faisant relever les plans des fortifications espagnoles, puis entame la Guerre de Dévolution. Si le traité d’Aix-la-Chapelle de 1668 permet au royaume de France d’obtenir un grand nombre de places fortes, Cambrai n’en fait pas partie, non plus que Bouchain, Valenciennes et Condé-sur-l’Escaut. En 1672, les hostilités reprennent contre la République protestante des Pays-Bas et se poursuivent dans les années suivantes. En 1676, Louis XIV, qui veut « assurer à jamais le repos de ses frontières », porte l’essentiel de ses efforts contre l’Espagne, et occupe Condé puis Bouchain. Le 17 mars 1677, les troupes françaises prennent d’assaut Valenciennes et se dirigent vers Cambrai, la place la plus forte des Pays-Bas, qui est atteinte le 20. Le 22 mars Louis XIV se porte en personne devant la ville, Vauban assurant le Siège. Vauban, qui commande les opérations, entreprend la réalisation de lignes de circonvallation et de contrevallation entourant la place. La ville isolée ne peut donc pas recevoir de secours. Son front nord reste vulnérable. Profitant de cette faiblesse, les Français ouvrent une tranchée du côté de la porte Notre-Dame. Grâce à l’aide de 7 000 paysans venus de Picardie les travaux d’approche avancent rapidement10, malgré un temps extrêmement froid et pluvieux. Des buttes sont construites afin de placer, pour une meilleure performance, les canons au niveau de la contre-escarpe. Le 30 mars les premières batteries se mettent à battre en brèche trois demi-lunes et le corps de la place. Le 1er avril les troupes françaises attaquent les trois demi-lunes. Le 2 avril les troupes françaises investissent l’une des demi-lunes entre la porte de Selles et celle de Notre-Dame. Le 5 avril, la ville se rend après que les troupes françaises ont sapé les fortifications. Cependant la garnison se réfugie dans la citadelle. Les Français ouvrent alors une tranchée sur l’esplanade. Dans la nuit du 11 au 12 avril 150 Français sont tués. En réponse le roi fait saper les fortifications à trois endroits au niveau du bastion Saint-Charles. Le gouverneur refuse de se rendre. Le 17 avril, après que le commandement français a indiqué que deux autres mines allaient imminemment faire s’écrouler les fortifications, le gouverneur Dom Pedro de Zavala, blessé à la jambe durant les combats, fait battre la chamade et capitule. Le roi apprend la nouvelle alors qu’il assiste, à Awoingt, à la messe officiée par le père de la Chaise. Le 19 avril 1677, après les négociations d’usage, le gouverneur espagnol de la place, Dom Pedro de Zavala, porté sur une litière en raison de sa blessure, remet les clefs de la citadelle au roi, après un siège de 29 jours, dirigé par Vauban qui a fait dans les combats de la citadelle plus de 1 200 blessés ou tués, qui lui rend les honneurs pour sa belle défense. Les 2 000 Espagnols encore valides quittent la place « tambours battant, mèches allumées, enseignes déployées ».
Le 2 avril, les Français investissent une partie de la place. Le 5 avril la ville se rend, avec les mêmes avantages que Lille en 1667, mais la garnison espagnole se réfugie dans la citadelle et le siège se poursuit jusqu’au 17 avril. Après 29 jours de siège le roi fait son entrée dans la ville, le lundi de Pâques 19 avril. Louis XIV nomme alors le marquis de Césen gouverneur, qui nomme 14 nouveaux échevins tout en gardant le même prévôt. Par le traité de Nimègue signé le 10 août 1678 l’Espagne abandonne Cambrai, définitivement annexée par la France. Les fortifications sont renforcées d’ouvrages avancés. L’influence française va transformer l’architecture et l’urbanisme de la ville. Le démantèlement des fortifications, demandé par pétition dès 1862, ne fut finalement accepté par l’État que 30 ans plus tard. Les travaux durèrent 6 ans et transformèrent l’aspect de la ville par la construction d’une ceinture de larges boulevards, la vente de nouveaux terrains à bâtir, le raccordement de la ville à ses faubourgs, l’établissement de jardins publics.
COMINES (59) :
Comines se fortifie pour se défendre des invasions dès le début du Moyen Age. De par sa position stratégique sur la Lys, point de passage obligé et porte de la Flandre, Comines subit de nombreuses invasions barbares. Détruite, la ville sera reconstruite en 1384 par Colard de la Clyte qui rebâtit le château. Celui-ci devient l’un des plus beaux du pays et le beffroi lui aussi gagne en puissance. Jusqu’aux règnes de Jean Ier et de Jean II, les malheurs, les guerres, les disettes ou famines continuent d’accabler la ville. En 1477, Jeanne de la Clyte (ca. 1440-1512), veuve de Jean de Halluin, est seigneur de Comines. En 1512 lui succède son fils, Georges d’Halluin (ca. 1473-1536), qui fait creuser une seconde écluse afin de faciliter le trafic fluvial. De nombreux conflits se déroulent jusqu’au début du XVIIe siècle. Sous le règne de Charles de Croy, une fois de plus, Comines est reconstruite. Le château est réparé ainsi que les chapelles et les moulins. L’église Saint-Chrysole est terminée en 1615 et le beffroi est édifié dans sa forme originale en 1623. En 1668, à la suite d’une alliance matrimoniale avec l’Espagne, Comines change de royaume. La ville est coupée en deux par la frontière naturelle de la Lys, le Nord est laissé à l’Espagne. Louis XIV fait fortifier le château par Vauban, mais en 1674, de crainte de le voir tomber aux mains des Espagnols, il le fait détruire par le maréchal d’Humières. Vauban qui se préoccupe continuité des fortifications entre Ypres et Comines établit en 1696 un premier plan est signé de sa main où l’on voit la ligne, dédoublée, comme elle se présentait à la fin du xviie siècle, mais avec des ajouts dans les instructions et par exemple la rature de la ligne en avant. Si on peut supposer que ce document, établi en vue de la réfection des lignes, doit représenter assez exactement le tracé des lignes, on observe cependant que la partie sud (entre Houthem et Comines) est dessinée de façon fort simplifiée ; en soi, cela se comprend, puisque les travaux de réfection se concentraient sur la partie nord (entre Houthem et Zillebeke). Le plan de Vauban semble avoir servi de base pour un autre plan, daté de 1697 et attribué à l’ingénieur français Jean de Caligny. Le plan dénombre et nomme une série de redoutes et porte la mention « vieilles lignes à razer » dans la partie concernée de la ligne. Cette ligne de défense d’Ypres à Comines, conçue par Vauban, avait une longueur de 10 km, entre l’étang de Zillebeke au nord et la Lys à hauteur de Comines au sud. Elle consistait en un fossé – côté ennemi – adossé à un talus – côté français. La taille de ces deux structures reste encore matière à débat. Le talus avait probablement une hauteur entre 1,80 m et 2,40 m pour une largeur de 6,60 m à 6,90 m au sommet et d’environ 5,40 m au pied, alors que le fossé était sans doute profond de 1,50 m à 2,40 m et large de 4 à 7 m. Dans le but d’optimaliser la fonction défensive de la ligne, des redoutes, bastions et redans étaient construits à distances régulières. Une dizaine d’années après son érection, probablement en 1689, un dédoublement de la ligne a été décidé. Cela ne s’est fait que dans la partie septentrionale de la ligne, plus spécifiquement entre l’étang de Zillebeke et Houthem. Peu après, tout le secteur septentrional original est abandonné et un nouveau tracé est mis en place entre 1689 et 1696. Vauban produira un projet de fortification le 1er juin 1696 mais il ne sera pas réalisé. .Les traités d’Utrecht (1713) confirment la frontière sur la Lys. Deux Comines subsistent : Comines Autriche et Comines France. Au détriment du flamand, la langue devient officiellement le français.
CONDE SUR L’ESCAUT (59) :
Des Vikings, apparus une première fois en 855, s’y établissent provisoirement dans les années 880. Remontant l’Escaut sous le commandement de leurs chefs Sigfred et Godfred, ils prennent la place forte et y établissent un camp retranché avec un embryon de fortifications ; chassés en 885, ils réapparaissent dès l’année suivante jusqu’à leur expulsion définitive en 889. La ville, très disputée, est tour à tour prise par les troupes flamandes de Jacques van Artevelde, par le roi de France Louis XI en 1477. Jean de La Hamaïde, seigneur de Condé, meurt à la bataille d’Azincourt en 1415. En 1654, les Espagnols commencent une période de chantiers de modernisation, interrompue par une prise française en 1655, suivie d’une reprise espagnole l’année suivante. Les Espagnols ajoutent un chemin couvert et construisent des défenses avancées. Ils renforcent les défenses du front nord-ouest par quatre puissants bastions. En 1676, Louis XIV assiège la ville, l’attaque de la Place étant confiée à Vauban, la cité sera définitivement rattachée à la France par le traité de Nimègue en 1678. Vers 1680, Vauban est chargé de perfectionner les défenses de la cité qu’il intègre à la première ligne du Pré Carré. Des redoutes et des bastions terrassés sont ajoutés devant l’enceinte espagnole maçonnée. Un nouveau chemin couvert et six redoutes sont édifiés pour garder le cours d’eau et le plateau dominant vers Tournai. Les fossés secs des fronts de terre sont équipés de contremines. Ce sont principalement les défenses hydrauliques qui reçoivent les chantiers les plus importants. Les eaux sont collectées et redistribuées par 27 écluses et huit batardeaux qui permettent d’inonder les abords de la place en 24 jours. Vauban ne modifie pas fondamentalement les remparts. Il y ajoute quelques ouvrages, reconstruit la porte Vautourneux et aménage un système d’écluse sophistiqué protégeant la ville sur les trois quarts de son pourtour. Pendant leur courte occupation en 1793 et 1794, les Autrichiens s’attachent à aménager les ouvrages avancés et à développer une galerie de contre-mines. .Les troupes autrichiennes de François de Saxe-Cobourg occupent la ville après un blocus de 92 jours (10 juillet 1793). La ville est libérée des Autrichiens le 3 septembre 1794 par le général Schérer. Elle tombe aux mains des coalisés lors de la chute de Napoléon (1815) : ils ne la quittent que trois années plus tard, en 1818. En 1901, Condé-sur-l’Escaut perd son titre de place forte : l’État autorise alors son démantèlement en 1923 et durant la Seconde Guerre mondiale, la commune est occupée par les Allemands (1940-1944) qui exploitent ses ouvriers et sa mine de charbon. Après le déclassement de la place en 1901, les remparts ont subi quelques modifications et l’Escaut a été recalibré. Des fortifications de la ville, il reste le château fort dit de l’Arsenal, quatre tours de l’enceinte médiévale, six bastions construits par Vauban et l’écluse du Jard.
DOUAI (59) :
Fortifiée dès le Xe siècle, Douai est située sur un territoire sans cesse disputé par la France, l’Espagne et les Pays-Bas. Elle est dotée d’ouvrages défensifs au XVIIe siècle, alors qu’elle appartient aux Espagnols. L’enceinte médiévale qui comptait déjà trois bastions sur le front nord est conservée, mais arasée et améliorée par l’ajout de glacis et de 19 demi-lunes de terre entre 1927 et 1649. En juillet 1667, Douai capitule après avoir subi un siège dirigé par Vauban. Alors que la ville est devenue française, Vauban propose de simples améliorations pour les fortifications extérieures en édifiant de nouvelles demi-lunes et en créant de nouvelles casernes. Il créé également un arsenal et une fonderie de canons. Cette dernière est édifiée à l’emplacement de l’ancien château des comtes de Flandre. Louis XIV en confie l’exploitation aux frères Keller, fondeurs suisses très réputés. Le projet principal de Vauban consiste à améliorer les défenses hydrauliques, modernisées et entretenues tout au long des XVIIIe et XIXe siècles. Les bastions de l’enceinte extérieure sont construits jusqu’en 1875. Entre 1641 et 1646, un fort bastionné de forme pentagonale est construit à 1,5 kilomètre au nord de Douai, les habitants s’étant opposés à l’érection d’une citadelle en ville. Le fort de Scarpe sert alors d’ouvrage avancé et contrôle les écluses qui pouvaient inonder la place. Vauban recommande la démolition du fort de Scarpe, compte tenu du coût de sa modernisation par rapport aux avantages qu’il présente. Cependant, Louis XIV décide qu’il soit conservé. Entre 1670 et 1672, le fort est maçonné et amélioré par l’ajout de trois demi-lunes, un chemin couvert et des casernes. Ces travaux auraient coûté environ 130 000 livres. Il ne reste rien aujourd’hui des travaux du règne de Louis XIV. Déclassés en 1889, le fort et les remparts urbains ont été démolis entièrement pour laisser la place à des axes de circulation, à une gare et au canal de la Scarpe. Seules quelques traces de fortification sont aujourd’hui visibles, notamment deux tours médiévales. Le plan relief, construit en 1709 au 1/400e a été racheté par la ville en 1904 et est conservé au musée municipal dit de la Chartreuse.
LA BASSEE (59) :
LA BASSEE (59) : En 880, La Bassée encore à demi-entourée d’une immense marais devient une place religieuse et une place forte, disposant d’une place d’armes, habitée par un gouverneur et le « lieutenant du roy », lesquels gèrent un important corps de garde et un « magasin de guerre ». Cette garnison a son pendant à Aire-sur-la-Lys et à Saint-Om er qui sont également chargés de veiller sur le canal de Noeufossé, véritable fortification protégeant le Sud de la région des invasions et menaces venant du nord depuis sa construction par les armées de Baudouin VI vers l’an 1000. Au XVIè La ville était alors entourée d’un réseau de petits canaux et fossé en eau, large et profonds « qui ne peut se vider à cause des marais et des canaux qui y entrent ». Des chemins couverts, des bastions et diverses portes, murs et demi-lunes étaient alors protégés de fossés et palissades. Les fortifications de la petite ville abritent aussi des infrastructures conventuelles (religieuses et augustins, autour de l’église Notre-Dame) À l’époque de Louis XIV (1708 pour l’extrait ci-dessous qui traite de la campagne de Flandre), la place protège à la fois l’Artois et Lille. « Monseigneur le duc de Bourgogne, en se retirant à Tournay, avait projeté de se porter avec toutes ses forces à la Bassée et d’achever les fortifications que les ennemis y avaient commencées ; en attendant le moment où il pourrait exécuter ce projet, il y envoya aussi le 28 une brigade d’infanterie aux ordres de M. de Villiers pour renforcer M. de Sézanne, que. M. de Cheyladet y avait déjà fait entrer au moment où les ennemis l’avaient abandonné pour marcher vers l’Escaut. Monseigneur le duc de Bourgogne regardait ce poste comme très important, et pour couvrir l’Artois et pour se procurer le moyen de faire entrer quelque secours dans la citadelle de Lille, ce qui cependant était devenu plus difficile que jamais, les ennemis ayant renforcé les postes de Lambersart et de Loos. M. le duc de Vendôme proposait de son côté de construire une ligne depuis la Bassée jusqu’à la Lys, persuadé que par ce moyen on empêcherait les ennemis de tirer des subsistances de l’Artois, du Furnembach et des autres pays situés à la gauche de cette rivière, et que par là l’établissement de leurs quartiers d’hiver leur deviendrait fort difficile. Le roi approuva le projet de monseigneur le duc de Bourgogne pour la Bassée, et lui recommanda d’établir aussi à Saint-Venant un poste qui fût en état de tenir pendant l’hiver ». Lors de la Première Guerre mondiale, la ville a particulièrement souffert (presque totalement rasée). Les séquelles de guerre y sont restées visibles durant plus de 10 ans, avant encore de nouveaux bombardements en 1939-1945.
LANDRECIES (59) :
Née au VIIe siècle sur le cours de la Sambre, Landrecies reçoit ses premières fortifications au XIe siècle, complétée par un château en 1140, séparant la Ville Haute de la Ville Basse. La première enceinte bâtie aux XIIIe et XIVe siècles ne suffit pas à empêcher le sac de la ville en 1477 par Louis XI de France. Au XVIe siècle, la ville passe successivement de la domination de François Ier à celle de Charles Quint. Vers 1544, François Ier charge Girolamo Marini de construire une nouvelle enceinte. Alors qu’elle est à nouveau prise par Charles Quint, la place est flanquée de cinq bastions. Rétrocédée en 1545 à Charles Quint, Landrecies est renforcée par les Espagnols jusqu’en 1655. Les cinq bastions à orillons sont conservés, puis augmentés de courtines renforcées et de fossés terrassés. Les dehors sont également créés, ainsi que des demi-lunes. En 1655, la ville subit encore un siège français siège en 1655 Vauban en second sous la direction de M. de Condé sous le Maréchal de la Ferté et M. de Turenne. Louis XIV vient célébrer en personne1 la prise de la ville (restée française depuis). Ses armées poursuivent selon le plan prévu : les deux autres places visées, Condé-sur-Escaut (assiégée le 18 août) et Saint-Ghislain (le 25 août), se rendent chacune au bout de trois jours de siège. Clerville charge Vauban de réparer les fortifications de Landrecies et Condé, qui serviront de base d’opération pour l’attaque sur Valenciennes, programmée l’année suivante. Landrecies est rattachée définitivement à la France de Louis XIV. Ce rattachement est confirmé par le Traité des Pyrénées en 1659. Vauban est dépêché sur place pour examiner et réaménager le système défensif de la ville. Il conserve les fortifications espagnoles qu’il juge efficaces. Il les complète d’un ouvrage à cornes pour défendre la ville basse et améliore les dehors en réalisant un système défensif hydraulique. Il dote également la ville de deux nouvelles casernes, d’un arsenal, et d’un hôpital. Dans une des tours de l’ancien château-fort, Vauban installe une soute à munitions. Les dépendances de l’hôtel de ville, situé sur la place principale, accueillent une prison. Landrecies est intégrée à la seconde Ligne du Pré Carré en 1678. Les fortifications, devenues obsolètes, sont démantelées entre 1895 et 1899. Un centre d’interprétation dédié à l’histoire et l’évolution de Landrecies à travers les âges a été ouvert dans l’ancienne halle aux blés. Le plan-relief construit au 1/600e par l’ingénieur Ladevèze en 1723, restauré en 1766, 1816 et 1986 est conservé au Musée des Plans-Reliefs à Paris.
LE QUESNOY (59) :
LE QUESNOY (59) : Dès 1150 Le Quesnoy est doté d’un château et de remparts avec une première Dès 1150 Le Quesnoy est doté d’un château et de remparts avec une première enceinte composée de murailles crénelées, chemin de ronde et tours circulaires. Ces premières fortifications sont en partie remplacées par une enceinte moderne à partir de 1533 alors que la ville est sous domination espagnole. À la fin de la Fronde (1654), la ville est prise par l’armée royale française de Turenne. La cité qui n’avait jamais été française le devient pour le grand plaisir de la cour. Le jeune roi Louis XIV reçoit la ville en cadeau de sacre. La ville est alors prise en main par un homme de Mazarin, Talon dit du Quesnoy, qui administre la ville qui ne devient officiellement française qu’en 1659 par le traité des Pyrénées. Lors de cette période transitoire, de nombreux biens immobiliers des bourgeois quercitains passèrent sous contrôle de profiteurs de guerre aussi bien français que locaux. Bastion avancé du royaume de France jusque 1678 date à laquelle Valenciennes devient française, les fortifications du Quesnoy sont modifiées et renforcées par le tout jeune Vauban qui fait en quelque sorte ses « classes » dans la cité. . Les premiers chantiers consistent alors en une restauration de la place forte. Vauban intervient à partir de 1668. Il conserve quatre bastions datant de l’époque de Charles Quint et en construit quatre nouveaux, pour en 1678 intégrer Le Quesnoy à la première ligne du fameux «Pré Carré». Les secteurs nord (bastion royal) et sud (bastion du Gard) sont les plus représentatifs de l’action de Vauban au Quesnoy. L’ensemble des remparts, parfaitement conservé, est classé «Monument Historique» et un circuit de 12 kilomètres permet de découvrir la richesse et l’ingéniosité des ouvrages fortifiés et notamment un système d’inondation des fossés. Toutefois, dans cette France d’Ancien Régime où les clientèles priment sur les compétences ou même le souci d’économie, les travaux ne furent pas attribués aux entrepreneurs locaux. Malgré la réputation flatteuse des travaux de fortifications entrepris sous la direction du couple Louvois-Vauban, la fortification est vite dépassée et la ville est prise dès 1712 par les impériaux en six jours. Le gouverneur de la cité, monsieur de la Badie, est alors embastillé pour s’expliquer sur sa prétendue « médiocre » résistance. M. de la Badie sera rapidement libéré car la ville, aux mains des Autrichiens, assiégée par les Français de Villars ne résistera qu’une journée de plus que sous les ordres du vieux militaire français, soit sept jours. L’expérience des prises faciles de la ville amène les autorités à renforcer le secteur est des fortifications par où étaient arrivés les Impériaux en 1712. Un immense ouvrage à cornes, unique au monde, est alors construit pour protéger le faubourg dit Fauroeulx et la porte du même nom. L’ouvrage en question permet alors de diviser les étangs de réserve en deux, connus de nos jours sous les noms d’étang du Pont Rouge et de l’étang béni. Ces deux étangs, réserve d’eau pour inonder les fossés en cas de siège, étaient complétés par deux autres étangs aujourd’hui disparus (l’étang d’Aulnoye et celui de l’Écaillon en forêt de Mormal). À la fin de l’époque impériale, la ville est prise sans trop de résistance par des Hollandais lors d’un simulacre de siège. À l’issue du congrès de Vienne de 1815, il est décidé que la ville soit occupée par des troupes russes pour trois ans. Les relations entre les Quercitains et les Russes sont amicales au point que de nombreux mariages sont célébrés entre les officiers russes et les « beautés quercitaines »
LILLE (fortification de la ville et création de la citadelle) (59) :
LILLE ENCEINTE URBAINE :
Apparue le long d’un méandre de la Deûle, affluent de l’Escaut, la ville de Lille est attestée dès le XIe siècle. Elle est alors dotée d’un château, d’une collégiale et d’un marché. Durant les XIIe-XIIIe siècles, elle devient l’une des capitales du Comté de Flandre et reçoit une enceinte de terre palissadée au XIVe siècle, dont les courtines sont renforcées. En 1577, les murailles de l’enceinte médiévale et du château de Courtrai sont démolies, permettant l’agrandissement de la ville. En 1600, les archiducs, gouverneurs des Pays-Bas font leur entrée à Lille. Sous leur gouvernement sera construite l’enceinte espagnole de la ville. Le projet d’extension de l’enceinte avait été préparé par Pierre Camp, ingénieur des archiducs, élargissant la ville de part et d’autres vers l’est et vers l’ouest. En 1617, la nouvelle enceinte est construite au nord-est adoptant les principes de la fortification bastionnée. Ces premiers ouvrages modernes ne suffisent pas à empêcher Louis XIV de s’emparer personnellement de la ville le 28 août 1667. Le siège est tenu par Vauban devant le Roi en neuf jours de tranchée ouverte, il eut une gratification considérable, beaucoup plus nécessaire pour contenter l’inclination du maître que celle du sujet. Il reçoit l’année suivante le gouvernorat de la Place. En 1668, par le traité d’Aix-la-Chapelle, Lille devient française et est intégrée dans la première ligne du Pré carré dix ans plus tard. Dès le mois de septembre 1667, Louis XIV décide de faire édifier une citadelle. Vauban modernise l’ancienne enceinte de la période espagnole. De nouveaux bastions sont édifiés. En 1699, l’enceinte urbaine largement agrandie par Vauban pour faciliter le développement économique de la Cité comme la création des quartiers de Saint-André et de la Madeleine, rallient la confiance des sujets flamands, l’enceinte comporte dix-huit bastions, quatre ouvrages à corne et huit portes, dont les portes Royale et de Paris, décorées par Simon Vollant. L’établissement du bastion du Réduit (1671-1674) au cœur du quartier Saint-Sauveur est révélateur de la volonté royale de surveiller les habitants. Véritable deuxième citadelle, le bastion est transformé en réduit et doté d’un front tourné vers la ville. Vauban agrandit l’enceinte de la ville au nord-est, augmentant d’un tiers sa superficie. Un nouveau quartier s’élève, séparé de la citadelle par l’espace découvert de l’esplanade. Simon Vollant a la charge de tracer les nouvelles rues. Deux grands axes structurants sont coupés à angle droit par des rues transversales et dessinent une trame urbaine régulière. Vauban est nommé gouverneur de la citadelle en 1668, puis de Lille en 1684. Pendant l’entre-deux-guerres, le démantèlement de l’enceinte urbaine libère 368 hectares de terrain aux portes de la ville, tandis que la citadelle demeure un site militaire. Depuis 1871, elle abrite le 43e Régiment d’Infanterie, augmenté aujourd’hui de l’Etat-Major du Corps de Réaction Rapide. Vers 1880, les fortifications avancées de la citadelle sont transformées en un parc, dit Le Bois de la Deûle. Les ouvrages extérieurs de la Citadelle ont été cédés à la ville en 1960 et transformés en lieu d’agrément. La gestion actuelle du site vise à restaurer les milieux de cet espace naturel de 60 hectares, tout en valorisant le monument et développant la qualité de l’accueil des visiteurs. De l’enceinte urbaine, il ne subsiste que quelques pans de murailles, une tour médiévale, deux portes espagnoles (Roubaix et Gand), et la porte de Paris. L’enceinte fortifiée de Lille a connu sept extensions successives qui ont fait passer l’espace intra-muros de dix à 1 000 hectares sur une période de 800 ans. Pour documenter l’aspect de la ville au XVIIIe siècle, il faut examiner le plan-relief construit entre 1740 et 1743, réparé en 1774, saisi par les Prussiens en 1815 et restauré en 1948. Celui-ci est actuellement conservé au musée des Beaux-Arts de Lille.
LILLE CITADELLE :
En décembre 1667, Louis XIV souhaite la construction d’une citadelle. Vauban, mis en concurrence avec le Chevalier de Clerville, est chargé de sa construction en novembre 1667. Les terrassements commencent dès le mois de décembre, sous la direction de Vauban, assisté du maître-maçon lillois Simon Vollant, et s’achèvent par la pose de la première pierre le 17 juin 1668. À peine trois ans plus tard, la citadelle est presque achevée et accueille une première garnison. Elle est construite sur une zone marécageuse au nord-ouest de la ville, irriguée par les rivières de la Deûle et du Bucquet. Ce terrain plutôt hostile participe à la défense du site par un système d’inondation de la place. Cette citadelle est un pentagone parfait à cinq bastions dont les cinq fronts sont équipés de tenailles, de fossés inondables, de cinq demi-lunes, de plusieurs réduits crénelés, de deux chemins couverts à contrescarpe et de quatre portes. La plus connue d’entre elles, sur l’un des fronts de ville, est la porte Royale. Elle est équipée d’un frontispice soutenu par des colonnes doriques et d’un carré à trophées aux armes de France et du soleil de Louis XIV, dessinés par Simon Vollant. La citadelle concentre tous les bâtiments nécessaires à son admission et à son autonomie. En plus des logements destinés aux soldats, à l’état-major et au gouverneur, des poudrières, des prisons et un arsenal complètent le dispositif militaire. À celui-ci s’ajoutent une chapelle, des magasins pour les vivres, un barbier, une boulangerie et un moulin. Tous ces bâtiments sont intégrés dans un plan radioconcentrique. La citadelle est comprise dans un système complexe de défense. En 1708, la citadelle de Lille est assiégée en pleine guerre de Succession d’Espagne. Après 62 jours de combat, la ville capitule et vit pendant cinq ans sous occupation hollandaise. . La citadelle est classée au titre des Monuments historiques en 1934. La Citadelle est toujours occupée par l’Armée.
MAUBEUGE (59) :
Issue d’un monastère mérovingien du VIIe siècle, Maubeuge reçoit ses premières fortifications au XIIe siècle. En 1339, une seconde enceinte plus vaste est édifiée : six portes et 22 tours la flanquent sur un périmètre de trois kilomètres, qui englobe aussi des terrains cultivés. Elle reçoit quelques adaptations à l’artillerie à poudre vers 1425. Au fil des siècles, Maubeuge appartient aux comtes de Hainaut, aux ducs de Bourgogne, à la Maison d’Autriche (1478-1513) et à la Maison d’Espagne (1513-1678). Restée en territoire espagnol après la guerre de Dévolution (1667-1668), et malgré la prise de Mons et Charleroi, elle n’est cédée définitivement à la France qu’en 1678, à la signature du traité de Nimègue. Alors que la ville est intégrée à la première ligne du Pré Carré, Louis XIV visite Maubeuge et confie la réalisation des fortifications à Vauban. Celui-ci démantèle l’enceinte médiévale, dont il ne conserve que deux portes : au sud, la porte d’Avesnes, au nord, la porte de Mons. Le nouveau périmètre est établi en retrait de l’enceinte médiévale pour tenir compte des hauteurs environnantes. Ces travaux nécessitent de détruire un tiers du bâti de la ville. La construction s’effectue sous la direction de Jean de Mesgrigny, gouverneur de la citadelle de Tournai. Le chantier commence en 1679 et s’achève en 1685. La nouvelle enceinte présente une forme heptagonale légèrement irrégulière dotée de sept bastions à orillons, de quatre tenailles simples et une tenaille bastionnée au sud-est, de quatre demi-lunes à réduits et d’un chemin couvert. Deux portes dites de Mons et de France, percent l’enceinte et sont protégées par deux des quatre demi-lunes. Le front sud-est est le plus long et est protégé par la tenaille bastionnée et une déviation du cours de la Sambre. Les fossés sont inondés par la Sambre au sud, et un front du nord est également précédé de fossés en eau, remplis par un pont-écluse alimenté par un ruisseau, la Pisselotte. À l’intérieur du corps de place, des casernes de cavalerie et d’infanterie sont bâties dans la basse ville située le long de la rive droite de la Sambre et dans les terrains restés vides à l’est. Un arsenal et trois magasins à poudre édifiés contre les remparts complètent l’équipement. Les remparts ont été bâtis en pierres avec parapets de briques. Un ouvrage à cornes, à l’est et à l’extérieur de l’enceinte, formé de deux demi-bastions, complète le système de défense mis en place. Durant le XVIIIe siècle, des lunettes détachées et un camp retranché provisoire sont construits autour du corps de place. Au XIXe siècle, deux portes sont créées : la porte de Bavay et la porte des Poilus. Après la Guerre franco-prussienne de 1870-1871, la ville est entourée d’une ceinture de forts périphériques établis selon les méthodes du général Séré de Rivières. Maubeuge a été détruite à 90 % en 1940. André Lurçat dirige sa reconstruction en 1945 et décide de maintenir l’essentiel de la fortification et d’élargir le centre à l’extérieur de l’enceinte. Les remparts deviennent un espace vert au cœur de la cité. Des quatre portes, seule la porte de Mons a conservé intacts son complexe défensif et le corps de garde de sa demi-lune. L’arsenal a été préservé. Deux bassins défensifs ont été conservés sur le front sud-est et transformés en étangs de pêche. Les remparts de la ville basse sur la rive droite de la Sambre et les autres constructions militaires qui les bordaient ont été démolis dans la première moitié du XXe siècle. L’ensemble des fortifications qui ont été conservées est classé au titre des Monuments historiques depuis le 21 octobre 1947.
VALENCIENNES (59) :
Située au confluent entre l’Escaut et le ruisseau de la Rhônelle, la première agglomération de Valenciennes est apparue à l’époque romaine, sur un site occupé antérieurement par les Gaulois. Les premières fortifications datent du Xe siècle. Des fortins sont bâtis de part et d’autre du confluent vers 250. Un siècle plus tard, l’empereur Valentinien fait construire la première enceinte urbaine et l’élève au rang de ville (vers 364-367). Ce n’est pas suffisant pour empêcher le pillage par les Huns puis les Vandales vers 406 de notre ère. Sous les Mérovingiens et les Carolingiens, Valenciennes reprend en importance et se développe. Les fortifications romaines semblent avoir été conservées et englobent alors le noyau primitif composé de l’église Notre-Dame-du-Saint-Cordon, de l’église Saint-Vaast et de l’abbaye mérovingienne de Saint-Jean. Les comtes de Valenciennes construisent un château au début du IXe siècle, à l’emplacement de la future citadelle des Temps Modernes. Au XIIe siècle, le comte Beauduin l’Edificateur agrandit l’enceinte et la ville afin de reconstruire un nouveau palais et d’inclure des hameaux proches. Cette nouvelle enceinte est maçonnée et comporte des créneaux, mâchicoulis et hourds de bois. Un fossé précède les remparts. Ceux-ci sont équipés de tours à deux niveaux possédant le même équipement que les murailles. Plusieurs portes percent les remparts. Le tracé de cette enceinte est en majeure partie conservé jusqu’au XIXe siècle. Le château est modifié à la fin du XIIIe siècle. Sa superficie est augmentée, de même que ses défenses. De 1345 à 1380, les remparts et le château reçoivent de nouveaux chantiers défensifs pour les moderniser, durant la Guerre de Cent Ans. Vers 1477, la ville édifie des boulevards d’artillerie pour protéger ses portes. Le premier ouvrage moderne est édifié en 1525, il s’agit du bastion Cardon, près de la porte du même nom. A partir de 1529, tout le flanc sud-ouest de l’enceinte est modernisé sous la direction de l’ingénieur de Charles Quint, D’Aerschot et ses collaborateurs. En 1540, Charles Quint ordonne une refonte générale des fortifications qui débute en 1542. Les premières défenses hydrauliques sont mises en place deux ans plus tard. Il s’agit, entre autres, des écluses de chasse de la Bretêche et des repentis. Leur mise en place vise également à régulariser le débit de la Rhônelle. A partir de 1546, ce sont les remparts de l’est qui sont reconstruits. L’ensemble de ces chantiers s’achève, semble-t-il, vers 1551. Des travaux d’urgence sont conduits en 1566-1567 durant les Guerres de Religion, mais les flancs sud-ouest et ouest ne sont pas encore modernisés à l’époque. La première citadelle est construite en 1570-1573 par le Duc d’Albe. Il s’agit alors d’une redoute qui disparait en 1577. De 1578 jusqu’au règne des Archiducs Albert et Isabelle, gouverneurs des Pays-Bas espagnols, les dernières parties médiévales de remparts urbains sont remplacées par des remparts modernes. Il s’agit des parties nord, ouest et sud de l’enceinte. D’abord en terre palissadée, les escarpes des ouvrages sont progressivement maçonnées de 1600 à 1654 et certains fossés sont approfondis. De 1656 à 1677, six demi-lunes sont construites. Un ouvrage à corne est ajouté devant la porte de Cambrai et un ouvrage à couronne est édifié sur la colline d’Anzin. Les ouvrages hydrauliques sont également améliorés. Prise par les Français en mars 1677, siège auquel participe Vauban qui sera gravement blessé tout en demeurant à son poste, Valenciennes est intégrée dès l’année suivante dans la première ligne du Pré Carré. Dès 1677, Vauban y construit une citadelle qui subsiste deux siècles. Cette citadelle est de forme irrégulière. Un front à bastions de petites dimensions est tourné vers la ville. Deux autres fronts sont tournés vers la campagne et sont protégés par des inondations et un ouvrage à couronne doté de deux fronts. Les contrescarpes de l’enceinte sont revêtus et des bastions supplémentaires sont aménagés sur les fronts construits sous Charles Quint afin d’en améliorer le flanquement. Plusieurs fronts sont rectifiés et améliorés. Les fronts de Famars et de Mons sont refaits complètement. Les deux écluses de Charles Quint sont rénovées et d’autres, telles celles de Notre-Dame et des Repenties sont construites, de mêmes que des digues afin de créer des étangs défensifs plus importants. Les chemins couverts sont équipés de traverses à clameaux, si l’on en croit le plan relief de 1694. Des casernes sont également construites dans la ville et dans la citadelle. Le début du XVIIIe siècle améliore encore les défenses de la place forte : plusieurs lunettes et ouvrages avancés sont construits pendant la Guerre de Succession d’Espagne afin de renforcer la protection du côté occidental des remparts de la ville et de la citadelle. Plusieurs chantiers de perfectionnement sont encore signalés pendant la Guerre de Succession d’Autriche. Quelques ouvrages avancés et une contre-garde sont édifiés à l’époque. La majorité des chantiers se limite à de simples finitions des ouvrages de Vauban. L’ingénieur Filley réalise ces modifications et améliore le flanquement des ouvrages. Il change leurs destinations pour certains d’entre eux. D’ouvrages de combat, certains deviennent simples dépôts. Pendant le siège autrichien de 1792, trois lunettes sont ajoutées. Les Autrichiens perfectionnent quelque peu ces défenses jusqu’en 1794. Délaissée jusqu’en 1815, Valenciennes reçoit de nouveaux chantiers sous la Restauration. Ceux-ci sont poursuivis par la Monarchie de Juillet. Il s’agit d’achever les modifications commencées par les Autrichiens et de réaliser les premiers forts détachés dignes de ce nom. La lunette Dampierre est inaugurée par la Seconde République en 1850, dans ce but. Le Second Empire poursuit les modifications en conservant Valenciennes et en la dotant de traverses-abris. Sous la Troisième république, un fort périphérique de type Séré de Rivières est construit en 1881 : le fort de Curgies. L’invention de la mélinite, un nouvel explosif beaucoup plus puissant que la poudre, devait entraîner le déclassement définitif de Valenciennes en 1889. La place forte de Valenciennes a été démantelée entre 1889 et 1893. Des boulevards et des quartiers bourgeois remplacent les remparts et la citadelle. Il ne subsiste qu’une tour médiévale, la tour de Dodenne et une écluse de chasse, le long du canal de l’Escaut. Valenciennes présente un intérêt moyen dans l’œuvre de Vauban. Elle illustre comment l’ingénieur modernise une place ancienne déjà fortifiée en partie, et comment ses successeurs ont achevé cette modernisation.