Le 20 décembre 1668, Louvois charge Vauban de faire exécuter de grandes maquettes des places d’Ath et de Lille : «Vous scavez, que j’ay dessein de faire faire un relief de la place d’Ath comme elle sera lorsqu’elle sera achevée». La réalisation des premiers plans-reliefs avait pour objectif d’accompagner les travaux de fortification menés par les ingénieurs de Louis XIV dans les places fortes des Flandres espagnoles récemment conquises. C’est donc tout naturellement que figurent dans les statuts de l’Association Vauban la mention (l’association) « porte une attention particulière au devenir et à la promotion des Plans-Reliefs » dans le cadre d’un partenariat privilégié avec le Musée des Plans Reliefs (organisation de conférences, actions de promotion, portage de la numérisation et d’édition de catalogues dans le cadre d’exposition temporaires du MPR).
1668 – 2018 IL Y A 350 ANS NAISSAIT LA COLLECTION DES PLANS-RELIEFS
Conçues comme de véritables outils d’expertise à distance pour le roi et son état-major, les maquettes figuraient en trois dimensions l’état d’avancement des travaux dans une place forte, présentant d’abord les projets, puis les réalisations en cours, et enfin les fortifications achevées. Le «relief» de Lille a été achevé avant celui d’Ath, en 1667 ou 1668. Il est cité dans L’Etat des plans en relief, qui sont au Palais des Tuileries, de Vauban, en 1697.
Ce mode de représentation en trois dimensions offrait une vision globale des différentes fortifications du royaume, révélant de manière immédiate la nature du nivellement de chacune des places fortes et de leur défilement. Louis XIV commanda très vite la réalisation des modèles des nouvelles défenses du royaume. Plus que de simples instruments de travail, les plans-reliefs deviennent à partir des années 1680 un moyen prestigieux de représentation des défenses du territoire. Louis XIV décide en 1700 d’installer la collection au Louvre, dans la galerie du Bord-de-l’Eau. De ces premières maquettes et notamment de celles des places des Flandres, la plupart a été détruite sur ordre de Vauban en raison de leur mauvais état. Il ne reste qu’une dizaine de maquettes antérieures au déménagement de la Collection dans la Galerie du Bord de l’Eau dont celle de Calais datant de 1691 restaurée en 1774 qui est exposée au Musée des Beaux Arts de Lille.
Cette remarquable collection unique au monde qui s’est enrichie jusqu’à la fin du XIXè, classée monument historique en 1927, à l’échelle du 1/600è, compte 260 maquettes représentant 150 villes fortifiées dont certaines sont impressionnantes comme celles de Brest (130 m²) ou de Cherbourg (160 m²). Par la suite, l’évolution de l’artillerie conduira à l’élaboration non de plans mais de cartes en relief qui seront réalisées jusqu’à l’aube du second conflit mondial.
Pour l’avenir de cette collection : un rêve et une réalité. Le rêve, c’est la réalisation d’un espace d’exposition et l’achèvement des travaux si longtemps promis pour présenter la collection dans de bonnes conditions. La réalité, c’est la numérisation des plans et la libre disposition des données permettant aux amateurs, chercheurs, historiens, urbanistes, architectes, de disposer de ces données exceptionnelles et de les comparer avec les données actuelles de l’occupation de l’espace et de l’affectation des sols.
Paradoxalement, à l’époque du tout numérique, de nombreuses villes réalisent des maquettes pour exposer au public leurs projets et les développements des cités (comme à Moscou, Stockholm, Berlin, Londres, Sydney, …) et s’inspirent du modèle réalisé par Vauban et ses services il y a 350 ans et, parfois, les techniques se rejoignant in fine en utilisant les données numériques pour réaliser ces maquettes comme à Londres ou Moscou.