MARC RENE MARQUIS DE MONTALEMBERT (1714 – 1800)
Il est le créateur d’un nouveau système de fortifications dont le succès fut incontestablement prouvé aux sièges de Hanovre et de Brunswick, et utilisé par le gouvernement. Mais ce système changeait une partie des idées reçues et, en forçant le génie militaire à sortir du terre-à-terre et de la routine, il souleva l’opposition et les attaques très vives d’un grand nombre d’adversaires (qu’il eut peut-être le tort d’aigrir encore par des réponses imprimées, dans lesquelles il avait trop raison dans le fond pour en adoucir la forme). Cette polémique et cette opposition causèrent au marquis de Montalembert des dégoûts amers.
Entre 1776 et 1794, il publie les onze volumes de son ouvrage capital, » la fortification perpendiculaire, ou l’art défensif supérieur à l’art offensif « .
Montalembert milite pour des fortifications dotées d’une grande puissance de feu grâce à l’emploi de canons plus puissants qu’à l’époque de Vauban. Il remet en question le tracé bastionné, lui préférant des forts dotés d’un tracé polygonal, dont les fossés sont toujours protégés par des caponnières, mais dotés de tours à canons. Ses forts sont, de plus, dépourvus d’ouvrages de défense avancée. Prenant en compte les progrès de l’artillerie, Montalembert recommande d’éloigner la zone des combats de l’enceinte des places fortes. Les forts distants d’une dizaine de kilomètres font front à l’ennemi et se flanquent mutuellement.
Assisté de Choderlos de Laclos, il construit à ses frais en 1778 sur le même emplacement un ouvrage casematé à trois niveaux de feu qui ne coûte que 800 000 livres. Cet ouvrage est déconstruit en 17832, mais les Allemands s’inspirent de ses plans pour édifier le fort de Coblence,
Au XIXème siècle, d’autres forts conformes à ses principes sont érigés, comme le fort Boyard au large de l’île d’Aix. La fortification perpendiculaire rencontre plus de succès auprès des ingénieurs militaires étrangers, notamment austro-sardes. Ainsi, le site fortifié de l’Esseillon terminé en 1834 est une parfaite concrétisation des idées architecturales de Marc René de Montalembert. Parmi les ouvrages le composant, le fort Marie-Christine est le plus fidèle aux conceptions novatrices du marquis : En forme d’hexagone, il permet une concentration de tirs d’artillerie perpendiculaires dans un espace restreint.
Haxo
Originaire de Lunéville, capitaine à 22 ans, il participe aux campagnes de 1794 et 1795. Il suit en 1796 les cours de l’Ecole polytechnique qui vient d’être créée. Il fait d’importants travaux à Bitche et à Genève. En 1810, il dirige les travaux du fort de Bard. Après ses travaux à Venise, Mantoue, Peschiera et la Rocca d’Anfo, il participe à la mission dirigée par le général Sebastiani aux travaux d’amélioration des fortifications des Dardanelles.
En 1811, Napoléon Bonaparte le place à la tête du génie de l’armée d’Allemagne. Il fera d’importants travaux à Moldin et Dantzig. C’est dans cette dernière place qu’il expérimentera les fameuses batteries casematées de son invention. Il participera aussi activement à la campagne de Russie.
Il est chargé du gouvernement de Magdebourg en 1813 et nommé quelque temps plus tard aide de camp et commandant en chef du génie de la garde impériale. A la chute de Napoléon, il est réintégré aux fonctions d’Inspecteur général des Fortifications. Il s’emploie alors à réparer les fortifications frontalières: Grenoble, Besançon, Dunkerque, Saint-Omer, Sedan, fort l’Ecluse et plus d’une soixantaine de forteresses dont Belfor
Séré de Rivières
Ce général, chef du service du génie, conçut et édifia à partir de 1873 un système fortifié complet pour interdire à tout agresseur notre frontière de l’Est, de Belfort à Verdun, et compléter par de nouveaux ouvrages les défenses des Alpes, des Pyrénées et des principaux ports de notre littoral, de Nice à Port-Vendres, et de Bayonne à Dunkerque.
Sur la frontière, face à l’Alsace-Lorraine occupée, son système se composait de 2 rideaux de forts, de Belfort à Epinal et de Toul à Verdun. En arrière, il créa une seconde ligne de défense en édifiant ou en renforçant les places de Besançon, Dijon, Langres, Reims, Laon, La Ferté et en doublant les enceintes fortifiées de Paris et de Lyon. L’ensemble de ce système fut réalisé en 10 ans de 1874 à 1885. A cette date, les progrès de l’artillerie obligeront les armées françaises à moderniser par des tourelles d’artillerie cuirassées et des carapaces de béton les forts les plus exposés.
Plusieurs centaines d’ouvrages ainsi bâtis sur nos frontières et nos côtes sont encore visibles. Quelques uns particulièrement bien conservés disposent encore de leurs tourelles d’artillerie (Uxegney aux abords d’Epinal, Le Barbonnet près de Sospel, Villey-le-Sec).
Maginot
La « ligne Maginot » projetée dès 1925, par le ministre Painlevé, fut décidée en 1929 sous le ministère d’André Maginot qui lui donna son nom. Ce fut le dernier système fortifié français composé d’une alternance d’ouvrages d’artillerie (44) et d’infanterie (49). Elle s’étend des environs d’Huningue à Montmédy (140 km). Malheureusement elle ne fut pas prolongée plus au Nord jusqu’à la mer pour couvrir les Ardennes et la très perméable frontière belge.
Elle fut contournée en mai 1940 et ne joua pas le rôle de protection qu’en attendaient ses concepteurs même si, à l’exception de Villy-la-Ferté, aucun des ouvrages ne put être pris avant l’armistice.
Fait moins connu, de nombreux ouvrages Maginot furent construits dans les Alpes et sur la frontière italienne. Ils remplirent totalement leur mission en juin 1940 stoppant net toutes les attaques italiennes menées pourtant avec une considérable supériorité numérique.
Quelques ouvrages en excellent état avec leur équipement complet peuvent être visités en Lorraine, en Alsace, dans les Alpes et sur la Riviera.
LA DISSUASION
A la différence des exemples précédents, la dissuasion initiée par le général de de Gaulle à l’époque de la guerre froide est collégiale portée par les gouvernements et les services…. toutefois il faut noter l’importance dans la formalisation des dispositifs mis en œuvre des généraux Pierre-Marie Gallois, Charles Ailleret, André Bauffre et Lucien Poirier.
Sept sites sont ou ont été utilisés pour la recherche et le développement des armes nucléaires armes (dont deux dans d’anciens forts Serré de Rivière en Ile de France). Plusieurs sites fortifiés sont (ou ont été) consacrés à l’hébergement des équipements stratégiques (BA 200 d’Apt Saint Christol et le déploiement de missiles sur le plateau d’Albion (1971-1996), la base sous-marine de l’Ile Longue (29) abrite le pôle nucléaire des armes sous marines, plusieurs bases aériennes permettent le déploiement de ces armes par l’Armée de l’Air. Plusieurs fortifications Maginot ont été utilisées pour les forces terrestres et sont désormais pour la plupart désaffectées.
La force de dissuasion nucléaire française, aussi nommée « force de frappe », désigne les systèmes d’armes nucléaires dont la France dispose dans le cadre de sa stratégie de dissuasion nucléaire. La France est l’un des dix Etats possédant l’arme nucléaire. Elle est le quatrième pays à avoir développé des armes nucléaires après les États-Unis, l’Union soviétique et le Royaume-Uni.
Dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, le général de Gaulle crée le commissariat à l’Énergie atomique (CEA) pour effectuer des recherches sur l’énergie nucléaire. Le lancement véritable du programme nucléaire français intervient en 1954 sous l’impulsion de Pierre Mendès-France. De retour au pouvoir en 1958, de Gaulle confirme l’ordre d’expérimenter l’arme nucléaire et lance la fabrication en série du premier vecteur nucléaire, le bombardier Mirage IV.
La France réalise son premier essai d’une bombe atomique à fission (bombe A) sous le nom de code Gerboise bleue le 13 février 1960, puis son premier essai d’une bombe à fusion thermonucléaire (bombe H) sous le nom de code Canopus le 24 août 1968. La France mène 210 essais nucléaires entre 1960 et 1996, année de son dernier essai en Polynésie française. Durant la guerre froide où les stratégies de dissuasion nucléaire revêtent une importance considérable, la France adopte une posture de dissuasion nucléaire indépendante des États-Unis. Elle en appuie sa crédibilité sur le principe de suffisance, également dit de dissuasion du faible au fort, selon lequel il suffit que les capacités nucléaires permettent de faire subir à un agresseur des dégâts équivalents aux dommages qu’il aurait infligés pour annihiler les bénéfices de son attaque. Cette stratégie suppose toutefois que les forces nucléaires françaises ne soient pas vulnérables à une attaque surprise et conservent ainsi une capacité de riposte, dite de seconde frappe. Pour donner corps à cette stratégie, la France se dote d’un arsenal nucléaire important qui atteint dans les années 1990 jusqu’à plus de 500 armes opérationnelles disponibles, nombre équivalent à celui du Royaume-Uni, mais qui ne représente qu’un ou deux pourcents des stocks accumulés par les États-Unis ou l’Union soviétique à la même époque. Depuis la fin de la guerre froide, ce stock est régulièrement réduit : fin 2017, la France dispose de 280 têtes nucléaires déployées et de 10 à 20 autres en réserve, soit un total de 300 armes nucléaires.